La France face à l’incertitude politique

0
2
Participants gesture towards a giant banner which reads as "France is the fabric of migration" during an election night rally following the first results of the second round of France's legislative election, at Place de la Republique in Paris on July 7, 2024. A loose alliance of French left-wing parties thrown together for snap elections was on course to become the biggest parliamentary bloc and beat the far right, according to shock projected results. (Photo by Emmanuel Dunand / AFP)

Les résultats des élections législatives en France ont marqué un tournant inattendu avec la victoire de l’alliance de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), surpassant à la fois le camp macroniste et le Rassemblement national (RN). Cette issue crée une nouvelle dynamique politique caractérisée par une absence de majorité claire, rendant la formation d’un gouvernement stable difficile. L’efficacité du « front républicain » est particulièrement notable, avec 210 désistements stratégiques qui ont limité la progression du RN malgré une forte participation électorale.

Les résultats des élections législatives en France ont révélé, d’après le e professeur de sciences économiques, sociales et politiques à l’Université Mohammed V de Rabat, Dr Talal Cherkaoui, “une surprise majeure avec la victoire inattendue de l’alliance de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), qui est arrivée en tête, surpassant à la fois le camp macroniste et le Rassemblement national (RN)”. Cette issue, “qui crée une nouvelle dynamique politique en France, est caractérisée par une absence de majorité claire, rendant difficile la formation d’un gouvernement stable”. L’une des observations les plus significatives de ces élections “est l’efficacité du « front républicain », une stratégie tactique où les candidats du camp présidentiel et ceux de gauche se sont désistés en faveur des candidats les mieux placés pour battre le RN”, déclare à Hespress fr Dr Cherkaoui.

“Cette manœuvre a abouti à un total de 210 désistements, contribuant à limiter la progression du parti d’extrême droite malgré une participation électorale record depuis 1997, atteignant 67%”. Ainsi, “même si le RN a considérablement augmenté son nombre de députés, passant de 89 à 143, il n’a pas réussi à obtenir la majorité absolue qu’il espérait après le premier tour”, indique le professeur de sciences économiques, sociales et politiques. Cela souligne “non seulement l’impact du front républicain mais aussi une certaine résilience des valeurs républicaines face à la montée de l’extrémisme”, fait observer l’expert.

Mobilisation de la gauche et résilience du camp macroniste

Le succès du NFP, qui obtient entre 182 sièges, représente, selon Dr Cherkaoui, “une progression notable par rapport aux 151 sièges remportés en 2022 sous la bannière de la Nupes”. Ce résultat, explique-t-il, “est le fruit d’une mobilisation efficace de l’électorat de gauche, couplée à un rejet des politiques de l’extrême droite”. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a célébré cette victoire en soulignant que « notre peuple a clairement écarté la solution du pire ».

Du côté du camp macroniste, “bien que la perte d’une centaine de sièges par rapport aux élections précédentes soit significative, la situation aurait pu être bien plus catastrophique après la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron suite à une défaite cuisante aux européennes”, souligne le professeur. Le camp macroniste, qui conserve 163 députés, “démontre ainsi une certaine résilience et une capacité à maintenir une influence substantielle au sein de l’Assemblée nationale”. Cette situation “reflète également une complexité accrue dans la gouvernance, où la recherche de compromis et d’alliances temporaires devient une nécessité pour toute initiative législative”.

Tripartition de l’Assemblée et perspectives d’instabilité politique

Les Républicains (LR), malgré des troubles internes et le ralliement de leur chef Éric Ciotti au RN, “conservent un nombre suffisant de députés, 60, pour jouer un rôle de pivot à l’Assemblée”. Laurent Wauquiez a, cependant, clairement écarté toute participation à une coalition, rejetant des « combinations pour échafauder des majorités contre nature ». Cette tripartition de l’Assemblée nationale, composée du NFP, du camp macroniste et du RN, plonge, de l’avis de Dr Cherkaoui, “la France dans une période d’incertitude politique sans précédent sous la Ve République”.

Plusieurs scénarios se dessinent, “y compris la possibilité d’un gouvernement technique à l’italienne, une situation qui pourrait complexifier davantage la prise de décision politique”, estime l’expert. La question de la coopération entre les différentes forces politiques devient cruciale, d’autant plus que le président Emmanuel Macron, affaibli par ces résultats, doit trouver une solution pour gouverner efficacement. “Gabriel Attal, l’actuel Premier ministre, a annoncé sa démission mais a également exprimé sa volonté de garantir la continuité de l’État aussi longtemps que nécessaire, notamment dans le contexte des Jeux olympiques imminents, soulignant ainsi la fragilité et la volatilité de la situation politique actuelle”, affirme le professeur.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici