La réponse de l’Afrique face aux défis de l’intelligence artificielle
L’Afrique est à un tournant décisif concernant l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans ses stratégies de développement. Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, a récemment soulevé des préoccupations majeures lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine. Selon lui, si l’IA offre d’énormes opportunités, elle représente également des risques importants, notamment parce que près de 40% des groupes terroristes l’utilisent.
Les menaces de l’IA pour la paix et la sécurité
Avec l’émergence de cette technologie, l’Afrique doit rester vigilante face aux menaces qu’elle engendre. En plus des conflits traditionnels, les nouvelles formes d’attaques cybernétiques et de désinformation deviennent des enjeux cruciaux. Bourita a mentionné que l’utilisation d’IA pour manipuler des élections pourrait générer des pertes économiques mondiales d’environ 347 milliards de dollars.
Les statistiques sur la désinformation sont également alarmantes. On constate une hausse de 900% des fausses vidéos et de plus de 300% des informations inexactes ces dernières années. Cela met en lumière l’impact négatif potentiel de l’IA sur la cohésion sociale et la stabilité des pays africains, ce qui nécessite une action immédiate.
Opportunités de développement grâce à l’IA
Malgré ces défis majeurs, Bourita a souligné le potentiel inexploré de l’IA pour transformer des secteurs clés comme l’agriculture. En effet, il est estimé qu’une utilisation accrue de cette technologie pourrait augmenter la production agricole de 10 à 20%. Cela pourrait non seulement renforcer la sécurité alimentaire, mais aussi stimuler l’économie locale.
Néanmoins, la nécessité d’une formation adéquate en IA est cruciale. Actuellement, seulement 1% des experts en IA se trouvent sur le continent, tandis que 70 000 spécialistes partent à l’étranger chaque année pour chercher de meilleures opportunités. Le renforcement des capacités humanitaires en IA apparaît donc comme une priorité urgente pour l’Afrique.
La gouvernance de l’IA au niveau mondial
Le Maroc, sous la direction de Bourita, ne reste pas inactif dans ce domaine. Il participe activement aux discussions au sein des Nations Unies pour établir des normes internationales relatives à la gouvernance de l’IA. La collaboration entre le Maroc et les États-Unis souligne l’importance accordée à une approche globale et inclusive. Bourita a insisté sur la nécessité d’inclure les institutions académiques dans cette dynamique pour garantir un développement harmonieux de l’IA.
Infrastructure et accès à l’Internet
Un autre point essentiel abordé par Bourita concerne les infrastructures, vitales pour le développement technologique en Afrique. Actuellement, 60% de la population continentale n’a pas accès à Internet. Ce manque d’accessibilité constitue un obstacle à l’innovation et à l’adoption de l’IA. Le ministre a appelé les pays africains à dépasser les discours théoriques et à se concentrer sur des actions concrètes pour promouvoir une coopération sud-sud efficace.
Un appel à l’action et un changement de paradigme
La réunion, qui marque une étape significative dans les discussions africaines sur l’intelligence artificielle, a vu la participation de la majorité des membres du Conseil, avec un accent particulier sur l’importance d’une collaboration renforcée. Cet événement met en exergue une vision africaine proactive pour jouer un rôle plus central sur la scène internationale.
Selon Bourita, il est impératif que le continent ne soit plus considéré comme un simple sujet des agendas mondiaux, mais qu’il devienne un acteur majeur capable de peser dans les décisions internationales. Cette vision, alignée avec celle du Roi Mohammed VI, encourage un avenir où l’Afrique pourrait maîtriser les défis et les opportunités liés à l’intelligence artificielle, tout en bâtissant une société plus résiliente et innovante.
