Mark Zuckerberg, le directeur de Meta, a récemment annoncé l’arrêt du programme de vérification des faits sur Facebook, lancé en 2016, d’abord aux États-Unis. Cette décision intervient quelques jours avant la seconde investiture de Donald Trump, et s’inscrit dans une série de changements que Zuckerberg souhaite mettre en place pour « revenir à nos racines en matière de liberté d’expression ». L’une des modifications majeures sera le remplacement des vérificateurs de faits par un système de notes communautaires.
Inspiré par les mécanismes similaires du réseau social X, détenu par Elon Musk, ce nouveau système met fin à un programme qui avait mobilisé plus de 80 organisations pour vérifier les informations dans plus de 60 langues au cours des sept dernières années. Dans son annonce officielle, Meta a été critique envers ses anciens partenaires de vérification des faits, déclarant que l’objectif du programme, qui était d’offrir aux utilisateurs plus d’informations sur ce qu’ils voyaient en ligne, s’est transformé en un outil de censure. Selon Meta, la vérification a été trop souvent perçue comme une ingérence dans les débats politiques légitimes, entraînant des conséquences réelles comme des étiquettes intrusives et une diminution de la visibilité des contenus.
Contexte du programme de vérification des faits
Après les fortes critiques ayant suivi l’élection présidentielle américaine de 2016, Facebook avait décidé de collaborer avec des médias de fact-checking pour lutter contre la propagation de fausses informations. Ces médias, reconnus par le réseau de fact-checking international piloté par l’institut Poynter, étaient censés vérifier les informations et apporter des corrections. Cependant, même lorsque des contenus étaient identifiés comme faux par ces partenaires, ceux-ci n’étaient pas systématiquement retirés ; un simple message d’avertissement étaient proposé aux utilisateurs. À noter qu’une règle importante stipulait que les publications de figures politiques, y compris Donald Trump, n’étaient pas sujettes à vérification.
En France, Meta avait retenu plusieurs partenaires dans ce programme, y compris des médias comme 20 minutes, l’Agence France Presse et Les Observateurs de France 24. Libération, ainsi que sa section CheckNews, avait été l’un des premiers acteurs à rejoindre ce programme, recevant des financements grâce à cette collaboration au fil des ans. Cependant, en mars 2021, Libération avait mis fin à son partenariat avec Meta.
Conséquences de l’arrêt du programme
L’annulation de ce programme de vérification aura des répercussions mondiales, touchant de nombreux petits médias ainsi que des agences de presse de grande taille. L’Agence France Presse, par exemple, était l’un des principaux partenaires au niveau mondial, mobilisant une équipe de 150 journalistes pour mener ce travail dans 26 langues. L’AFP a appris l’arrêt du programme juste avant l’annonce publique, soulevant des préoccupations quant à l’impact sur le journalisme de vérification et la fiabilité de l’information en ligne.
Angie Drobnic Holan, directrice de l’International Fact-Checking Network, a exprimé son inquiétude sur les conséquences de cette décision sur les utilisateurs des réseaux sociaux cherchant des informations fiables. Elle a souligné que le journalisme de vérification n’avait jamais eu pour but de censurer mais de fournir un contexte et des informations supplémentaires pour démystifier les fausses informations. De plus, Holan a noté que cette décision semble être influencée par des pressions politiques, remettant en question l’impartialité des vérificateurs de faits qui oeuvrent pour la transparence et la vérité.
Actuellement, la communication de Zuckerberg indique que la fin du programme de vérification des faits concerne d’abord les États-Unis. Cependant, certains partenaires révèlent que des contrats avaient déjà été signés pour 2025, et des inquiétudes subsistent quant à la durée de ces accords, surtout en tenant compte des régulations en vigueur en Europe sur les services numériques.
En conclusion, cette décision marque un tournant significatif dans la manière dont Meta traite la vérification des informations sur sa plateforme, avec des implications potentielles pour la désinformation et la qualité de l’information accessible aux utilisateurs. Les testaments des différents acteurs du fact-checking soulignent à quel point cette évolution pourrait affaiblir l’accès à des sources d’information vérifiées, dans un contexte déjà saturé de contenus trompeurs et erronés.