Question reçue le 4 janvier 2025
Elon Musk semble inarrêtable. Depuis plusieurs jours, l’homme d’affaires américain utilise son réseau social X pour partager des messages provocateurs concernant de graves affaires de viols collectifs survenues au Royaume-Uni. Ce sujet controversé, lié à son ambition politique en Grande-Bretagne, a facilité son intrusion dans le débat public, mais ses affirmations sont souvent marquées par des approximations et des inexactitudes.
Qu’est-ce que les « grooming gangs » dont parle Elon Musk ?
Au début des années 2010, le Royaume-Uni a été secoué par un scandale impliquant des « grooming gangs », principalement composés d’hommes d’origine pakistanaise. Ces groupes criminels ont été accusés d’avoir ciblé des filles vulnérables en leur offrant de l’alcool ou des trajets en voiture, avant de les exploiter sexuellement. Les enquêtes ont révélé que ces gangs utilisaient le chantage et menaçaient les jeunes filles pour s’assurer de leur silence. Les médias ont largement couvert ces affaires, dont chacune a mis en lumière des manquements significatifs des autorités à prendre des mesures préventives.
Le 31 décembre, un extrait d’une interview impliquant Elon Musk a circulé sur les réseaux sociaux, où il fait référence à « des gangs de migrants violeurs en Angleterre », tout en promouvant le parti Reform UK, connu pour sa plateforme anti-immigration. Depuis ce moment, Musk a continué à tweeter sur le sujet, rassemblant des millions de vues. Ses messages affirment que des viols collectifs ont eu lieu sans interruption en Grande-Bretagne et qu’une justice doit être rendue pour les milliers de jeunes filles victimes.
Les médias ont-ils étouffé les affaires de viols ?
La position d’Elon Musk concernant la couverture médiatique des abus sexuels a soulevé des controverses. Il a critiqué certains médias britanniques, les accusant d’avoir caché l’ampleur des viols systématiques subis par des filles. En défendant cette idée, Musk relaye des analyses et des articles émanant de journaux comme le Telegraph, qui souligne que des abus continueraient d’avoir lieu en raison d’une réponse inadéquate de l’État face à ces crimes.
Dans les médias français, cette dynamique a également été mentionnée, où certains commentateurs soulignent que l’intervention de Musk pourrait briser un silence prétendument entretenu sur ces affaires. Des articles parus dans des publications de droite louent le rôle des réseaux sociaux dans la mise en lumière de ce qui est qualifié de « plus grand scandale » du pays.
Cependant, des articles datant d’une décennie montrent que ces abus et les inactions des autorités ont été pointés du doigt depuis longtemps. Des enquêtes et des unités de police ont été mises en place pour traiter des cas d’exploitation sexuelle d’enfants bien avant les récentes déclarations de Musk.
Les autorités ont-elles ignoré les alertes ?
Le secrétaire d’État à la Santé britannique, Wes Streeting, a critiqué certaines des affirmations de Musk, mentionnant que des enquêtes avaient été initiées. Un cas célèbre est celui de Rotherham, où une absence de réaction appropriée de la part des autorités a permis aux abus de se poursuivre pendant des années, souvent en raison de la peur des accusations de racisme ou de tensions communautaires.
Un rapport de 2014 a révélé une série d’abus alarmants, illustrant comment des victimes ont été intimidées et réduites au silence. Ce n’est qu’avec la création, en 2023, d’une unité gouvernementale pour combattre l’exploitation sexuelle, que les autorités ont commencé à agir avec plus de vigueur.
Qu’en est-il des chiffres avancés par Musk ?
Musk évoque des chiffres alarmants, suggérant qu’il y aurait eu « des centaines de milliers de victimes ». Cependant, ces allégations semblent exagérées et ne reposent sur aucune étude ou chiffre officiel vérifiable. À Rotherham, par exemple, on estime que 1 510 enfants ont été abusés entre 1997 et 2013. D’autres villes, comme Oxford et Rochdale, ont également signalé des chiffres beaucoup plus faibles que ceux cités par Musk.
Pourquoi s’en prendre au gouvernement britannique ?
Musk a également désigné des figures politiques telles que Keir Starmer pour les impliquer dans ces échecs organisationnels. Bien que Starmer ait effectivement dirigé des poursuites contre certains des gangs, un fait souvent omis dans les critiques de Musk. Son travail en tant que procureur a contribué à rendre justice dans des cas d’abus tandis qu’il cherche maintenant à gérer ces problèmes au niveau gouvernemental.
Pourquoi soutenir Tommi Robinson ?
Elon Musk a exprimé son soutien à Tommi Robinson, une figure controversée connue pour ses positions extrêmes sur l’immigration et les abus liés aux grooming gangs. Robinson a été incarcéré pour avoir violé une injonction de justice. Ses partisans le considèrent comme un lanceur d’alerte sur ce sujet, tandis que ses critiques le voient comme un provocateur.
Dans l’ensemble, la question des grooming gangs et de leur traitement par les médias et les autorités britanniques reste un sujet sensible, et les opinions divergent quant à la manière dont ces affaires devraient être abordées dans le domaine public. Le débat est loin d’être clos, alors que les influences médiatiques et politiques continuent de façonner la perception de ces viols collectifs tragiques.