Un sondage Ifop – Fiducial pour Sud Radio met en lumière l’image qu’ont les Français des relations franco-algériennes, ainsi que leurs opinions sur certaines mesures et enjeux liés à cette relation bilatérale. Voici les principaux enseignements de cette étude.
Le Maroc, une image largement positive
Le Maroc bénéficie d’une image largement positive parmi les Français, avec 68 % d’opinions favorables. Ce chiffre place le royaume chérifien en tête des trois pays du Maghreb dans l’opinion publique française. La Tunisie suit de près, avec 60 % des Français ayant une « bonne image » du pays. Cette perception du Maroc semble renforcée par une histoire de relations culturelles, économiques et diplomatiques solides avec la France. Les caractéristiques géographiques et culturelles uniques du pays, notamment son patrimoine riche et sa stabilité relative dans la région, jouent également un rôle dans cette perception positive.
L’Algérie, une perception mitigée malgré une légère amélioration
L’Algérie, quant à elle, est perçue de manière moins favorable, avec seulement 29 % des Français ayant une « bonne image » du pays. Bien que ce chiffre soit en légère augmentation par rapport à 2012 (26 %), il demeure faible. Cette perception négative s’explique en grande partie par des tensions historiques et politiques liées à la colonisation, à la guerre d’indépendance et aux relations diplomatiques compliquées avec la France. Ces tensions sont toujours présentes dans le discours public, même si des efforts de réconciliation ont été entrepris ces dernières années. Les résultats de l’enquête montrent que cette image est également influencée par des facteurs géopolitiques et économiques contemporains.
Impact des sensibilités politiques sur les perceptions
Les perceptions des pays du Maghreb varient également en fonction de l’orientation politique des individus interrogés. Par exemple, les sympathisants écologistes se montrent particulièrement favorables au Maroc, avec 81 % d’entre eux ayant une « bonne image » du pays. À l’inverse, les sympathisants du Rassemblement National (RN) ne partagent pas cette vision, et seulement 14 % d’entre eux ont une « bonne image » de l’Algérie. Cela démontre l’importance de la politique intérieure et des affiliations partisanes dans la construction de l’opinion publique, notamment en ce qui concerne les relations internationales.
L’Algérie, perçue comme le principal bénéficiaire des relations franco-algériennes
Une question récurrente dans les sondages sur les relations internationales concerne l’évaluation des bénéfices d’une coopération bilatérale. En ce qui concerne la relation entre la France et l’Algérie, 74 % des Français estiment que l’Algérie tire plus d’avantages de cette coopération que la France, un sentiment constant depuis 1971. À l’époque, 76 % des Français partageaient déjà cet avis. Ce déséquilibre perçu repose en grande partie sur les questions économiques, notamment les ressources énergétiques, et les demandes politiques qui émanent de l’Algérie.
Cependant, les sympathisants de différents partis politiques adoptent des positions divergentes sur cette question. Les partisans de La France Insoumise (LFI) sont plus partagés, avec 62 % estimant que la France est le principal bénéficiaire, tandis que ceux des Républicains (LR) et de Renaissance affirment massivement que l’Algérie en tire profit (94 % et 91 % respectivement). Ces écarts témoignent de la polarisation des débats politiques sur la place de la France dans ses relations avec ses anciennes colonies.
Mesures franco-algériennes : un soutien majoritaire pour des changements
Enfin, une série de mesures concernant la relation franco-algérienne recueille un large soutien auprès de l’opinion publique. La réduction de l’aide au développement de la France en faveur de l’Algérie est soutenue par 67 % des Français, ce qui indique un sentiment de scepticisme concernant l’efficacité de cette aide et une volonté de revoir les priorités. Par ailleurs, 64 % des Français approuvent la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, un dossier sensible dans les relations avec le royaume chérifien.
En ce qui concerne la révision des accords bilatéraux, 61 % des Français se disent favorables à la révocation de certains accords franco-algériens, notamment ceux liés aux facilités de visa et au regroupement familial, issus de l’accord de 1968. Ce soutien est particulièrement marqué parmi les sympathisants des Républicains (79 %), tandis que 35 % seulement des partisans de LFI y adhèrent, mettant en lumière les divergences d’opinion en fonction de l’idéologie politique.
Les perceptions des Français vis-à-vis des pays du Maghreb, en particulier du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, sont marquées par des contrastes significatifs, influencés par des facteurs historiques, politiques et géopolitiques. Si le Maroc jouit d’une image favorable, l’Algérie reste perçue de manière plus critique, malgré une légère amélioration. Les divergences d’opinion selon les partis politiques et les mesures proposées illustrent les tensions sous-jacentes dans les relations franco-maghrébines, avec des appels croissants à réévaluer certains aspects de la coopération bilatérale.