Décès de Jean-François Kahn
Jean-François Kahn, figure emblématique du journalisme français, est décédé à l’âge de 86 ans le 23 janvier. Ce journaliste et écrivain a marqué le paysage médiatique en fondant des publications influentes, laissant une empreinte indélébile à travers son œuvre.
Un parcours journalistique inégalé
Dès la fin des années 1950, Jean-François Kahn a choisi de s’engager dans le journalisme après des études en histoire. Ses débuts ont eu lieu au sein de Paris Presse l’Intransigeant, où il s’est illustré par sa couverture de la guerre d’Algérie. Il a ensuite contribué à des titres prestigieux comme Le Monde et L’Express, où il a suivi la guerre du Vietnam. Ce fut le commencement d’une carrière riche et variée, où Kahn a su exprimer son talent sur différents supports médiatiques.
Dans les années 1970, il s’est orienté vers la radio et a pris un rôle important sur Europe 1, devenant vite reconnu pour son style engagé et passionné.
Contributions à la télévision et à la radio
En 1977, Jean-François Kahn prend les rênes des Nouvelles littéraires, dirigeant le titre avec détermination. Sa popularité s’est accrue grâce à ses apparitions régulières à la télévision dans des émissions comme L’Heure de vérité, où il a su aborder des sujets de société avec un franc-parler qui a captivé le public. Il a également animé des programmes sur France Inter, comme Avec tambour et trompette et, dans les années 1980, Chantez-le moi, consacrés à la chanson française. Son esprit critique et son amour pour la culture ont fait de lui une personnalité incontournable dans les médias de cette époque.
La création de L’Événement du jeudi et de Marianne
En 1984, Jean-François Kahn fonde L’Événement du jeudi, un magazine qui se distinguera par son ton incisif et sa volonté de remettre en question les idées reçues. Treize ans plus tard, il commence une nouvelle aventure avec la création de l’hebdomadaire Marianne, aux côtés de Maurice Szafran, qu’il dirigera jusqu’en 2007. Ces deux publications incarnent son engagement pour un journalisme indépendant et critique, où il n’hésite pas à aborder des sujets sensibles et à critiquer les partis politiques.
Un engagé du «centrisme révolutionnaire»
Jean-François Kahn se distingue par sa ligne éditoriale, qu’il qualifie de «centrisme révolutionnaire». Cette approche se caractérise par une critique acerbe tant à l’égard de la gauche que de la droite, cherchant à dépasser les clivages traditionnels de la politique française. Il a également maintenu une chronique intitulée Bloc-notes dans Marianne, offrant régulièrement ses réflexions sur l’actualité au fil des années.
Polémiques et repli médiatique
Bien qu’il ait annoncé en 2011 son retrait du journalisme à la suite d’une controverse autour de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, Kahn a continué à écrire de manière sporadique pour Marianne. Son dernier ouvrage, L’Horreur médiatique, publié en 2014, témoigne de son inquiétude face à la domination de ce qu’il appelle la «pensée unique» dans le paysage médiatique contemporain. En 2018, il s’est également opposé à la vente de Marianne à un homme d’affaires dont les idées politiques ne correspondaient pas à ses valeurs, témoignant ainsi de son attachement indéfectible à son magazine.
Une légende du journalisme français
Jean-François Kahn laisse derrière lui une empreinte mémorable dans le monde du journalisme. Sa voix et son approche audacieuse ont inspiré de nombreuses générations de journalistes et ont contribué à façonner le débat public en France. Son héritage continue de se faire sentir à travers les publications qu’il a fondées et les idéaux qu’il a défendus tout au long de sa carrière.
Son décès marque la fin d’une époque pour le journalisme francophone, mais ses contributions resteront gravées dans les mémoires comme un puissant symbole d’engagement et de vérité.