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Le « contrôle coercitif » peut-il être invoqué sans législation ?


Un Conflit Judiciaire au Cœur d’une Relation Toxique

Le tribunal correctionnel de Paris examine ce mercredi 29 janvier une affaire particulièrement délicate. Au centre de cette audience se trouve Mme B, l’ex-compagne du rappeur Nekfeu, confrontée à des accusations de "non-représentation d’enfant". Après une séparation tumultueuse, on lui reproche de ne pas avoir remis leur fils, âgé de trois ans, à son père, à plusieurs reprises entre juillet 2022 et mai 2024. Mme B évoque des craintes de violences, tant physiques que psychologiques, provenant de son ancien partenaire.

Un Contexte Juridique Éclairci

Cette affaire n’est qu’un épisode d’une saga judiciaire plus large et complexe, marquée par de multiples plaintes et procédures. Mme B a elle-même intenté une action en justice pour "mauvais traitements sur mineur", mais celle-ci a été classée sans suite. Deux autres enquêtes, l’une pour "violences en présence d’un mineur" et l’autre pour "viol par conjoint", n’ont également pas abouti. Par ailleurs, une enquête préliminaire a été ouverte concernant des accusations de "faux" à l’encontre de Nekfeu, que Mme B accuse d’avoir falsifié des documents pour obtenir la garde de leur enfant. Pendant ce temps, le rappeur a déposé contre elle un total de cinq plaintes pour "non-représentation d’enfant".

La Notion de Contrôle Coercitif

Selon un article publié dans le Monde, cette affaire illustre les enjeux du concept de "contrôle coercitif", un terme venant enrichir le débat sur les violences intrafamiliales. Mme B affirme avoir quitté Nekfeu au printemps 2021 parce qu’elle se sentait victime de brutalités psychologiques, physiques et sexuelles. Elle utilise ce terme pour qualifier la dynamique de leur relation, faisant appel à des concepts issus d’études sur la violence domestique.

Débats Législatifs autour du Contrôle Coercitif

Parallèlement à ce procès, l’Assemblée nationale a récemment adopté, en première lecture, une proposition de loi visant à lutter contre les violences faites aux femmes et aux enfants, dont l’objectif est d’inclure le "contrôle coercitif" dans le code pénal français. Ce nouveau crime pourrait être passible de trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 45 000 euros. Bien que cette notion ait été popularisée en France récemment, elle trouve ses origines dans des recherches menées dès 2007 par le sociologue américain Evan Stark.

Les Échos Internationaux

Le concept de contrôle coercitif n’est pas inédit à l’international. Des pays comme l’Angleterre, l’Écosse et le Canada en ont déjà intégré des résonances dans leur législation. En France, des voix s’élèvent pour modifier le vocabulaire juridique, remplaçant le terme "emprise" par "contrôle coercitif", car ce dernier se concentre davantage sur les agissements de l’auteur, plutôt que sur les conséquences vécues par la victime.

Plaidoyer pour une Reconnaissance du Contrôle Coercitif

Avant l’audience de ce jour, Florence Fekom, l’avocate de Mme B, a exprimé son intention de soumettre la notion de "contrôle coercitif" devant le tribunal. Selon elle, le dépôt répétitif de plaintes par Nekfeu est une stratégie visant à contrôler et isoler sa cliente, la rendant vulnérable. Malgré l’absence d’une reconnaissance formelle dans le droit pénal français, son avocate compte s’appuyer sur la jurisprudence pour étayer ses arguments.

Une Évolution Juridique Prometteuse

Récemment, la cour d’appel de Poitiers a rendu des décisions marquantes en matière de contrôle coercitif, établissant des précédents importants. L’une de ces décisions décrit clairement les comportements coercitifs dans une situation de violences conjugales, en démontrant comment ils créent un climat de domination et de soumission.

Vers une Meilleure Protection Juridique

Une inscription de cette notion dans le code pénal permettrait non seulement de clarifier sa définition, mais également de garantir une meilleure protection des victimes. Comme le souligne Guillaume Beaussonie, professeur de droit, il est essentiel que le texte légal soit rédigé de manière précise pour qu’il puisse être compris et appliqué efficacement.

Perspectives d’Avenir

La reconnaissance officielle du contrôle coercitif dans la législation française pourrait ainsi transformer le paysage juridique relatif aux violences faites aux femmes et aux enfants. Alors que les débats se poursuivent et que l’audience de Mme B s’achemine vers son dénouement, cette affaire met en lumière les luttes persistantes contre les formes de violence les plus insidieuses et la nécessité d’un encadrement légal adapté.

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