Défis et avancées dans le secteur de la santé mentale au Maroc
Le domaine de la santé mentale au Maroc est confronté à de nombreux enjeux, comme l’a souligné Amine Tahraoui, le ministre de la Santé et de la Protection sociale. En réponse aux observations de la Cour des comptes, il a insisté sur plusieurs problèmes clés, notamment le faible niveau des infrastructures spécialisées, l’accès restreint aux traitements et le nombre insuffisant de professionnels formés, en dépit d’une demande croissante pour les services psychologiques et psychiatriques.
Un système en développement
Malgré ces défis, des progrès notables ont été réalisés dans l’amélioration des services de santé mentale au Maroc. Le pays dispose d’un hôpital psychiatrique qui peut accueillir jusqu’à 1.358 patients. De plus, les hôpitaux publics offrent également des services de psychiatrie avec un total de 989 lits disponibles. Les infrastructures se sont également élargies avec 26 centres de traitements pour la dépendance, un centre de santé scolaire et universitaire, ainsi que 39 centres spécifiques à la santé universitaire. Les cliniques psychiatriques ont également été intégrées dans 83 établissements de soins de santé primaires, visant à faciliter l’accès aux services.
Ressources humaines en santé mentale
En ce qui concerne la main-d’œuvre, le Maroc compte actuellement 655 psychiatres dans les secteurs public et privé, accompagnés de 1.700 infirmiers spécialisés dans le domaine de la santé mentale. En 2023, les services de santé mentale ont pu offrir une prise en charge à plus de 250.000 patients, en adoptant une approche médico-psychosociale. Le ministère a pris des mesures concrètes pour remédier au manque de professionnels dans ce secteur crucial en prévoyant 108 postes supplémentaires pour des médecins et des agents spécialisés, portant le total des professionnels à 1.081, dont 381 psychiatres.
Réformes nécessaires pour une meilleure prise en charge
Tahraoui a également souligné l’importance d’une réforme globale pour répondre aux enjeux actuels en matière de santé mentale. Le ministère de la Santé travaille ainsi sur la révision de la législation concernant la prévention et le traitement des maladies mentales. La mise à jour de ce cadre juridique est essentielle pour l’intégration des récentes avancées scientifiques ainsi que pour être en conformité avec les normes internationales relatives aux droits des patients. Il est vital d’établir une réglementation qui protège les droits des personnes souffrant de troubles psychiques.
Amélioration des infrastructures et accès aux soins
En matière d’infrastructures, des initiatives sont en place pour améliorer le paysage psychiatrique au Maroc. Cela inclut la création de 26 centres mobiles destinés aux régions n’ayant pas accès à des services spécialisés et la construction de 6 hôpitaux régionaux dédiés à la psychiatrie. Le gouvernement s’engage également à achever la construction de plusieurs infrastructures d’ici à 2030. Les services de soins psychiatriques pour enfants et adolescents bénéficieront également d’un renforcement avec des unités supplémentaires dans les hôpitaux universitaires et régionaux.
Utilisation des technologies pour le suivi de la santé mentale
Enfin, le développement d’un système moderne de gestion et de suivi des données relatives à la santé mentale est en cours. Cela passera par la mise en place d’un système national de suivi numérique qui assurera une collecte précise des données, améliorant ainsi la planification et les décisions dans le domaine de la santé publique. Ces innovations technologiques sont cruciales pour fournir une vue d’ensemble précise des besoins en santé mentale.
Ainsi, le Maroc évolue vers un système de santé mentale plus structuré et accessible, tout en continuant à faire face à des défis importants. Les efforts déployés pour surmonter ces obstacles sont essentiels pour offrir un accès adéquat et humain aux soins, garantissant le bien-être des citoyens.