Retards dans la Réforme du Secteur Énergétique
La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a récemment attiré l’attention sur le décalage alarmant qui touche le secteur de l’énergie et des mines au Maroc, estimant ce retard à près de 20 ans. Lors d’une intervention à la Fondation Fkih Tétouani, elle a déclaré que son ministère avait pris des mesures significatives en approuvant 15 fois plus de licences pour des projets d’énergies renouvelables au cours de la première année de son mandat.
Un Blocage Durable
Leila Benali a affirmé que la réforme du secteur énergétique, ainsi que celle des mines et de l’environnement, stagne depuis trop longtemps. Elle a mis en évidence le fait que la révision du secteur du gaz naturel, qui aurait dû être mise en place en 2004, est toujours en attente, ce qui témoigne d’un incapacite à avancer dans ce domaine crucial.
Elle a rappelé qu’une feuille de route pour le gaz naturel avait été conçue bien avant l’interruption du service entre le Maroc et l’Algérie, soulignant que cette situation illustre la paralysie qui règne dans ce secteur depuis deux décennies.
Des Défis Énergétiques Significatifs
À son arrivée au ministère en octobre 2022, la ministre a découvert un réseau électrique en mauvaise posture, environ 20 % de l’approvisionnement menacé par des facteurs globaux tels que la guerre en Ukraine et l’augmentation de la demande énergétique. Elle a mis en cause les gouvernements précédents, notant leur incapacité à investir dans le développement du réseau électrique national depuis 2002.
Elle a également critiqué l’absence de réformes substantielles depuis 2012, dans un moment où le secteur minier, riche en potentiels, n’a pas reçu l’attention nécessaire pour se structurer correctement.
Un Manque de Ressources
Leila Benali a exprimé ses préoccupations concernant la gestion publique, qu’elle juge très insuffisante, tant au niveau central qu’au niveau territorial, citant un manque de ressources humaines et financières. Elle a également noté que le secteur de l’environnement manquait de crédibilité à cause d’un cadre législatif fragile, couplé au manque d’autonomie dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Avancées Remarquables Malgré les Obstacles
Malgré ce tableau préoccupant, la ministre a mis en avant les progrès réalisés récemment. Elle a mentionné divers projets stratégiques, tant sur le plan national qu’international, qui ont permis d’attirer des investissements étrangers. Cependant, elle a reconnu qu’en 2021, la planification stratégique et la gestion du secteur étaient insuffisantes, aggravées par l’absence de réformes profondes.
Elle a été claire sur le fait qu’il est inacceptable que des plans énergétiques et miniers soient élaborés à l’étranger, plutôt que sur le sol marocain. Elle a assuré qu’avec son équipe, ils avaient opéré un changement significatif dans la manière dont les investissements sont gérés, tant en quantité qu’en qualité.
Une Croissance des Licences et des Investissements
En termes de chiffres, Leila Benali a partagé que le nombre de licences accordées aux projets d’énergies renouvelables a été multiplié par 15 chaque année, tout en précisant que le volume des investissements annuels a quadruplé, passant de 1,5 milliard de dirhams à 6 milliards entre 2023 et 2024.
Elle a également annoncé une augmentation exceptionnelle du taux de création d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables, multiplié par 11. L’investissement dans le réseau électrique, pour sa part, a été multiplié par 5.
Des Perspectives Positives pour le Secteur des Hydrocarbures
Concernant le secteur des hydrocarbures, elle a indiqué que l’augmentation des investissements suivait une tendance similaire, en adéquation avec les recommandations mises en avant par le Conseil de la concurrence. Leila Benali a révélé que le nombre de distributeurs de carburant est passé de 19 à 35, avec la mise en service de plus de 600 nouvelles stations-service, générant ainsi plus de 3.500 emplois.
Ces progrès indiquent des efforts significatifs pour sortir le secteur énergétique et minier du marasme dans lequel il se trouve et pour préparer le Maroc à un avenir énergétique plus durable.