Préparation de la filière laitière pour le mois de Ramadan
La filière laitière se montre optimiste en ce qui concerne la demande de lait frais pasteurisé pendant le mois sacré de Ramadan. Selon Rachid Khattate, président de la Fédération Maroc Lait, l’offre de lait devrait supérieur aux besoins prévus, avec une stagnation anticipée de la demande par rapport à l’an passé. Il estime qu’au mieux, la consommation pourrait augmenter de 3%, sans preuve d’une forte augmentation de la demande de lait frais cette année. En parallèle, la production pourrait connaître une hausse de 5 à 8% grâce à un volume accru.
En cas de surproduction pendant Ramadan, les acteurs de l’industrie laitière envisagent d’utiliser l’excédent pour fabriquer des produits dérivés comme le yaourt et le fromage, après un processus de séchage du lait.
Importation et recapitalisation du cheptel laitier
Concernant la recapitalisation du cheptel national, Khattate a affirmé que malgré des défis, l’importation de génisses laitières progresse. En 2024, environ 15 000 têtes de génisses sont attendues, soit 20% de plus qu’en 2023. En complément de ces importations, le développement de pépinières locales est encouragé pour réduire la dépendance aux importations. Toutefois, cette dépendance expose le Maroc à des risques liés à d’éventuelles pandémies bovines en Europe, un danger que souligne Khattate, notamment à la suite d’une épidémie récente en Allemagne, un acteur majeur de l’exportation.
Cette situation a conduit à un engouement des importateurs vers le marché français, ce qui engendre une hausse des prix et complique les importations marocaines. De plus, des évolutions réglementaires au sein des pays européens rendent difficile le transport de bovins, augmentant les coûts logistiques pour les importateurs qui doivent désormais procéder par voie maritime.
Inflation des coûts de production
Un autre aspect préoccupant réside dans l’inflation qui impacte fortement les coûts des intrants, notamment les matières fourragères et les aliments composés. La sécheresse a considérablement réduit les pâturages, tandis que les prix des aliments continuent de grimper. En réponse, le département de l’Agriculture a lancé un programme d’achat et de distribution de nourriture pour le bétail, soutenu par une subvention. C’est une mesure cruciale pour aider le secteur à faire face à ces coûts de production croissants.
Les acteurs de l’industrie ont également sollicité la suspension des droits de douane sur l’importation de produits fourragers simples, ce qui pourrait alléger la pression financière sur les éleveurs.
État des lieux du cheptel laitier au Maroc
La filière laitière marocaine regroupe environ 260 000 producteurs qui collaborent avec 18 grands industriels. La majorité des producteurs détient de petits élevages, souvent comptant moins de 10 vaches. Grâce à une structuration efficace en collaboration avec les autorités, la filière a mis en place des centres de collecte qui permettent d’optimiser la production et d’apporter des services pertinents aux agriculteurs.
Les données de la filière montrent qu’en 2022, le cheptel laitier comptait environ 1,8 million de têtes, un chiffre susceptible d’avoir chuté en raison de plusieurs années de sécheresse et d’inflation. La production, dans des conditions climatiques favorables, pourrait atteindre jusqu’à 2,5 milliards de litres, mais le secteur est menacé par la baisse du cheptel et l’abandon de l’activité par de nombreux éleveurs, en particulier ceux de petite et moyenne taille.
Le fait que 90% des producteurs aient moins de 10 vaches souligne la fragilité d’un système tourné vers des exploitations à échelle humaine mais très sensibles aux aléas économiques et climatiques. La filière laitière assure également un volume considérable d’emplois, avec 49 millions de journées de travail générées chaque année, et contribue significativement à l’économie nationale avec un chiffre d’affaires atteignant les 13 milliards de dirhams.