samedi, avril 19, 2025

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Mexique et Sahara marocain : des avancées encore nécessaires


Renforcement des relations Maroc-Mexique : une visite significative

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants du Maroc, a récemment effectué une visite au Mexique, illustrant une dynamique favorable pour les relations bilatérales. Ce voyage, durant lequel il a rencontré des responsables politiques mexicains, a été l’opportunité d’évoquer des perspectives encourageantes, notamment concernant le dossier du Sahara. Bien que des avancées soient visibles, des efforts continus seront nécessaires pour faire évoluer la position de ce pays sur cette question sensible.

Des échanges constructifs au cœur de la visite

Alors qu’il se trouvait à Mexico, Talbi Alami a eu des discussions approfondies avec divers agents politiques mexicains, suscitant un soutien grandissant en faveur d’une collaboration renforcée entre le Maroc et le Mexique. Un point marquant a été l’évolution du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), anciennement en faveur de la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), qui a récemment affiché son soutien à la position marocaine sur la souveraineté du Sahara.

Ce changement de cap au sein du PRI reflète une nouvelle perception du Maroc parmi certaines franges de la classe politique mexicaine. Cependant, malgré ces indications prometteuses, la position officielle de Mexico sur le Sahara marocain reste, à ce jour, inchangée. Pour obtenir des avancées concrètes et significatives, une intensification des efforts diplomatiques s’avère indispensable.

Des signaux d’espoir pour le Maroc

La visite de Rachid Talbi Alami a également été marquée par d’autres signaux positifs témoignant d’un changement de ton au sein du PRI. Alejandro Moreno, à la tête de ce parti historique, a exprimé son soutien à la « lutte légitime » du Maroc pour la défense de ses droits sur le Sahara, un discours d’une grande importance qui pourrait contribuer à transformer les relations entre les deux nations.

D’autres personnalités, comme la sénatrice Olga Sanchez Cordero et la députée Marcela Guerra, ont mis en avant le rôle crucial du Maroc en tant que passerelle vers l’Afrique, plaidant pour un renforcement des relations économiques et diplomatiques. Lors des débats au sein du Parlement mexicain, plusieurs élus ont souligné la nécessité de développer la coopération dans des domaines essentiels, tels que le commerce, les énergies renouvelables et l’agroalimentaire.

Un chemin long et complexe à parcourir

Malgré ces évolutions, il est important de noter qu’elles ne se traduisent pas encore par un changement officiel de la politique étrangère du Mexique concernant le Sahara. Selon Mohamed Badine El Yattioui, professeur d’études stratégiques, bien que le soutien du PRI soit significatif, sa portée reste limitée. Il rappelle que ce parti, autrefois dominant, a vu son influence diminuer dans un paysage politique désormais dominé par le mouvement Morena.

El Yattioui fait état de la nécessité pour la diplomatie marocaine de continuer à agir de manière pragmatique, en promouvant des projets concrets dans divers domaines tels que l’économie, la culture et l’éducation. Cela pourrait contribuer à modifier la perception mexicaine du conflit du Sahara, en encourageant notamment des initiatives académiques collaboratives.

Un autre aspect crucial évoqué réside dans le cadre constitutionnel mexicain, qui a inscrit en 1987 les principes directeurs de sa politique étrangère. Ces principes, tels que l’autodétermination des peuples et la non-intervention, représentent des limitations intrinsèques pour tout changement de position sur la question du Sahara. Pour initier une modification substantielle de sa posture, le Maroc devra engager un travail de fond, s’étalant sur plusieurs années et impliquant une coordination entre différents secteurs, y compris le gouvernement, le monde universitaire et le secteur privé.

Potentiel culturel et linguistique à exploiter

Un autre point évoqué par El Yattioui concerne le rôle de la langue espagnole, couramment utilisée par le polisario pour communiquer avec des pays d’Amérique Latine. Le Maroc, avec sa riche tradition hispanophone, doit explorer des moyens de valoriser cette dimension, en établissant des partenariats avec des institutions éducatives mexicaines et en promouvant des échanges culturels réciproques.

L’implication des experts et des institutions marocaines dans la promotion de cette culture hispanophone pourrait jouer un rôle déterminant dans le renforcement des liens entre le Maroc et le Mexique. Par des initiatives ciblées et des dialogues ouverts, le Maroc pourrait présenter une vision plus nuancée et favorable de sa réalité culturelle, économique, et politique.

Dans l’ensemble, la visite de Rachid Talbi Alami constitue un tournant potentiel dans les relations entre les deux nations, même si beaucoup reste encore à faire pour transformer ces signaux d’espoir en actions concrètes et soutenues.

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