Initiatives autour de l’hydrogène vert au Maroc
Le comité de pilotage dédié à l’initiative “Offre Maroc” concernant l’hydrogène vert a sélectionné cinq investisseurs, tant marocains qu’étrangers, pour la réalisation de six projets dans les provinces du Sud du pays. Toutefois, l’absence répétée de Leila Benali, la ministre de la Transition énergétique, lors des réunions de ce comité soulève des interrogations. Cette situation est d’autant plus préoccupante alors que la relance de la centrale solaire Noor 3 à Ouarzazate demeure en suspens.
Avancées dans le secteur, mais inquiétudes persistantes
La récente réunion du comité de pilotage, qui s’est tenue le 6 mars, a permis d’avancer dans cette initiative stratégique pour le pays, répondant à des orientations royales claires. Ce programme ambitionne de faire du Maroc un acteur majeur dans le secteur de l’hydrogène vert. Cependant, l’absence de la ministre lors de ces discussions a été remarquée. Depuis la première réunion présidée par le chef du gouvernement en septembre 2023, elle n’a participé à aucune rencontre, à l’exception d’une séance en août 2024 où elle était représentée par un membre de son ministère.
Des préoccupations qui s’intensifient
Cette situation soulève des questions sur les engagements du gouvernement en matière d’énergies renouvelables. Rachid Sari, économiste et président du Centre africain pour les études stratégiques et la digitalisation, a exprimé son incompréhension face à l’absence récurrente de Benali. Selon lui, ses précédentes déclarations faites au Parlement, où elle avait évoqué une possible cessation de la production d’hydrogène vert si celle-ci ne devenait pas compétitive d’ici 2030, contrastent profondément avec l’engagement affiché de l’État dans le secteur.
Parallèlement, le flou qui entoure la relance de la centrale solaire Noor 3 accentue les doutes quant à la gestion du secteur énergétique. En effet, ACWA Power, le groupe saoudien en charge de la centrale, a rapporté une perte de plus de 51 millions de dollars en 2024 due à l’arrêt prolongé de l’installation. Cette situation est prévue pour se prolonger jusqu’à la fin du premier trimestre de 2025.
Actions requises et incertitudes sectorielles
Les experts estiment qu’une clarification s’impose de la part du ministère concerné. Rachid Sari fait remarquer que l’emplacement de Noor 3 à Ouarzazate pose problèmes à cause des conditions climatiques hivernales, tout en étant propice à la production d’énergie solaire durant l’été. Il n’exclut pas une dimension politique, surtout à l’approche d’élections éventuelles.
Omar Kettani, un autre économiste, appelle de son côté à une mobilisation accrue du Parlement pour obtenir des éclaircissements sur l’avenir de la centrale Noor 3. Il s’étonne de l’absence de communication officielle à ce sujet, alors même que ce projet représente un investissement de premier ordre pour le Maroc. Sur la question de l’absence de Benali aux réunions concernant l’hydrogène vert, il avance que plusieurs facteurs pourraient en être la cause, allant d’un désaccord au sein du gouvernement à des contraintes personnelles. Cependant, il souligne que cela ne fait qu’accentuer le flou sur cette question cruciale.
Vers un avenir énergétique incertain
Le Maroc se positionne néanmoins comme un acteur potentiel sur le marché de l’hydrogène vert. Les projets en cours, soutenus par des investissements importants, pourraient offrir des perspectives de croissance clés pour l’économie nationale. Cependant, la cohérence des messages ministériels et la gestion des projets énergétiques sont fondamentales pour assurer le succès de cette transition énergétique.
L’engagement du gouvernement dans le secteur des énergies renouvelables doit donc s’accompagner d’une communication et d’une transparence renforcées pour regagner la confiance des investisseurs et de la population. Le chemin vers une transition énergétique réussie nécessitera un alignement des efforts entre les différentes parties prenantes, tout en surmontant les incertitudes qui continuent de persister.
