Impacts de l’Intelligence Artificielle sur le Secteur de l’Externalisation
La montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine de l’externalisation de services suscite des inquiétudes légitimes quant à son impact sur l’emploi. L’essor de ces technologies promet d’améliorer significativement la productivité. Cependant, il soulève également des interrogations sur la pérennité des emplois traditionnels dans le secteur. Youssef Chraïbi, fondateur et dirigeant d’une entreprise d’externalisation, partage des perspectives intéressantes sur cette question cruciale.
L’IA comme outil de transformation plutôt que de substitution
Selon Chraïbi, l’intégration de l’IA ne signifie pas nécessairement un remplacement des travailleurs. En effet, ce sont plutôt ceux qui possèdent des compétences en IA qui prendront des postes clés, utilisant la technologie pour augmenter leur efficacité. Dans le secteur de l’externalisation, cela entraîne une transformation de la dynamique de travail, où l’IA est utilisée comme un levier d’amélioration plutôt qu’un simple substitut à l’humain. L’un des aspects marquants de cette évolution est l’automatisation de certaines fonctions, avec une estimation de 20 à 30 % des opérations susceptibles d’être automatisées.
Croissance de l’Externalisation au Maroc
Le secteur de l’externalisation marocain se positionne comme un pilier de l’économie nationale, avec une prévision de chiffre d’affaires atteignant 18 milliards de dirhams en 2023. Chraïbi indique que le Maroc fait partie des trois premiers secteurs les plus prolifiques en matière de création d’emplois, affichant une dynamique de croissance impressionnante. L’ambition ? Atteindre la création de 20.000 nouveaux postes chaque année d’ici 2030. Ce développement s’appuie sur une demande croissante, notamment de la part d’entreprises européennes en quête de solutions pour optimiser leurs coûts.
Diversification géographique et adaptation aux tendances du marché
Bien que le marché européen, en particulier la France, reste une valeur sûre pour l’externalisation marocaine, Chraïbi souligne l’importance de diversifier les marchés. Actuellement, l’entreprise gère des services dans plusieurs langues et s’ouvre vers de nouvelles zones, telles que l’Europe du Sud, le Canada et l’Inde. Cette diversification s’inscrit dans une volonté de réduire la dépendance au marché francophone et de capter les besoins croissants en digitalisation.
Cependant, cette expansion s’accompagne de défis importants, notamment en matière de compétences. Avec une formation de 15.000 à 20.000 ingénieurs par an, l’objectif est d’atteindre 100.000 d’ici 2030. Pour y parvenir, le secteur doit faire face à des taux de turnover élevés, qui peuvent atteindre 50 %, ainsi qu’à la fuite des talents.
Formation et rétention des talents : des enjeux cruciaux
Pour relever ces défis, les entreprises d’externalisation concentrent leurs efforts sur des programmes de formation ciblés, tout en retravaillant les parcours professionnels pour retenir les compétences localement. Chraïbi souligne la nécessité de recruter des talents qualifiés pour accompagner la croissance de l’industrie et d’investir dans des formations adaptées pour développer des compétences en adéquation avec les exigences du marché actuel.
Vers un modèle hybride : la clé de la réussite
Le futur du secteur de l’externalisation repose sur un modèle hybride, alliant intelligence artificielle et compétences humaines. Les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront tirer parti de ces deux éléments. Le modèle indien, qui a évolué au-delà d’un simple prestataire offshore pour devenir un hub technologique, sert d’inspiration pour le Maroc.
L’État marocain joue également un rôle dans cette dynamique en adaptant ses dispositifs de soutien, proposant des aides financières à la formation et à l’embauche, ainsi que des incitations à l’innovation à travers la nouvelle stratégie « Maroc Digital 2030 ».
Une transition vers un futur prometteur
Loin d’être une menace pour l’emploi dans le secteur, l’intelligence artificielle se révèle être un véritable catalyseur de transformation. Chraïbi affirme que ceux qui s’adapteront et sauront utiliser l’IA auront un avenir prometteur, tandis que ceux qui ne le feront pas risquent de rester sur le carreau. Le Maroc a l’opportunité unique de se positionner comme un acteur clé sur la scène économique numérique mondiale en adoptant un modèle où l’innovation technologique s’harmonise avec le savoir-faire humain. Cette synergie pourrait permettre au pays de solidifier son rôle de leader dans la région, tout en garantissant un développement durable et inclusif pour l’avenir.