Enquête sur Souleïman Kerimov : des perquisitions menées à Bercy
Souleïman Kerimov, un oligarque russe soumis à des sanctions de l’Union européenne, fait l’objet d’une enquête sur la détention de plusieurs villas de luxe sur la Côte d’Azur. Selon le procureur de Paris, ces propriétés seraient enregistrées sous des prête-noms, ce qui pourrait dissimuler l’identité de leur véritable propriétaire, un citoyen russe.
Une perquisition au ministère de l’Économie
Cette enquête judiciaire, qui s’intéresse à des allégations de blanchiment d’argent par le biais d’investissements immobiliers, a conduit à une perquisition au sein des bureaux du ministère de l’Économie et des Finances. L’opération a eu lieu dans le cadre d’investigations sur Souleïman Kerimov, menées par la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) avec le soutien du parquet de Paris.
Le ministère public a indiqué que ces perquisitions ont pour but de clarifier le dispositif fiscal utilisé pour l’acquisition des villas, dont la valeur est estimée à plus de 38 millions d’euros. Ces propriétés, autrefois enregistrées au nom d’entités fictives, soulèvent des doutes quant à leur légitimité.
Un homme d’affaires influent au patrimoine colossal
Avec une fortune de plus de 16 milliards de dollars, selon Forbes en 2020, Souleïman Kerimov est l’un des plus riches hommes d’affaires de Russie. Originaire du Daguestan, il figure parmi les personnes visées par les sanctions européennes, qui entraînent le gel de ses avoirs dans l’UE depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
Un historique d’enquête
La justice française s’intéresse à l’oligarque depuis plusieurs années. L’affaire a commencé en 2014 à Nice, où des mouvements financier suspects avaient attiré l’attention des forces de l’ordre. À l’époque, des transactions liées à l’achat d’une villa à Antibes ont été identifiées. Souleïman Kerimov aurait acquéri un bien en 2008 pour 35 millions d’euros, un prix manifestement sous-évalué par rapport à la valeur réelle qui serait de 127 millions d’euros, selon les enquêteurs.
Des acteurs locaux, tels que des notaires et des agents immobiliers, ont été mis en examen, et certains d’entre eux continuent de faire face à des poursuites judiciaires.
Réactions internationales
En novembre 2017, la police française avait arrêté Kerimov à son arrivée à Nice, provoquant une réaction négative de la part des autorités russes. À l’époque, le parquet estimait que les sommes d’argent illicitement transférées en France s’élevaient entre 500 et 750 millions d’euros. Malgré cela, les avocats de Kerimov ont réussi à obtenir l’annulation de sa mise en examen.
Un signalement relance l’enquête
En août 2022, le parquet de Nice a reçu un signalement de Tracfin, l’organisme de lutte contre le blanchiment, ce qui pourrait relancer l’enquête. Les éléments collectés jusque-là permettent de soupçonner une structure de blanchiment d’argent potentiellement complexe, impliquant des montages financiers difficiles à suivre et à interpréter.
Cette situation illustre les défis auxquels sont confrontées les autorités dans la lutte contre le blanchiment d’argent, en particulier lorsqu’il s’agit d’entités aussi puissantes que les oligarques russes. L’affaire Kerimov pose également des questions sur la régulation et la transparence dans le secteur immobilier de luxe, sujet de préoccupations croissantes au sein de l’Union européenne.
Alors que les investigations se poursuivent, la complexité des relations d’affaires et la multitude d’intérêts en jeu rendent toute conclusion difficile à envisager. Cela souligne l’importance de la coopération internationale pour améliorer la traçabilité des fonds et garantir une justice efficace face au crime organisé.