Grève dans l’audiovisuel public
Une mobilisation a été lancée dans le secteur de l’audiovisuel public, débutant ce lundi avec une grève de deux jours, qui touche principalement certaines stations de Radio France. Cette action vise à exprimer l’opposition des syndicats au projet de création d’une holding commune, France Médias, à l’approche de son examen par l’Assemblée nationale. Dans plusieurs stations, notamment sur France Culture et les anciennes antennes de France Bleu, les programmations habituelles ont été remplacées par de la musique, illustrant l’ampleur de la contestation.
Un appel unanime à la grève
L’ensemble des syndicats de France Télévisions a déposé un préavis de grève pour les deux jours de mobilisation. Selon les premières estimations fournies par la direction, seulement 9 % des employés étaient en grève lundi à midi. De son côté, Radio France a également vu l’intersyndicale appeler à des mouvements de grève, ajoutant un appel supplémentaire pour aligner ses actions avec celles de France Télévisions. Des préavis similaires ont été déposés par d’autres syndicats au sein de France Médias Monde et de l’Institut National de l’Audiovisuel. En parallèle, la CGT a organisé une « soirée festive » pour marquer la lutte contre les réformes proposées par la ministre de la Culture.
Une réforme contestée
La proposition de loi qui alimente cette colère est portée par le sénateur Laurent Lafon, appartenant à l’Union centriste, et doit être examinée en commission mardi. L’examen en séance plénière est prévu pour le 10 avril, bien qu’une éventuelle modification de cette date ne soit pas à exclure. Le projet vise à établir une holding, France Médias, qui regrouperait plusieurs entités sous l’autorité d’un ou une présidente.
Des conséquences redoutées
Les syndicats, incluant la CGT, la CFDT, FO, SNJ et SUD de France Télévisions, alertent sur le fait que cette réforme pourrait avoir des impacts sérieux si elle est adoptée. Ils estiment que le projet pourrait mener à un démantèlement des structures existantes, plaçant les enseignes sous le contrôle de France Télévisions. Cette inquiétude est également partagée par les représentants de Radio France, qui ont exprimé des craintes similaires.
Arguments pour et contre la réforme
Dans une interview accordée au Parisien, la ministre Rachida Dati a défendu sa vision de cette réforme, la qualifiant d’« indispensable ». Elle estime que ce changement est nécessaire dans un environnement médiatique de plus en plus compétitif, caractérisé par la présence de groupes privés bien structurés. Selon elle, l’objectif est de bâtir un “groupe audiovisuel public fort” capable de rivaliser sur le marché.
Elle a également souligné que la création de cette holding vise à garantir l’indépendance et les spécificités de chaque entité, réfutant les accusations selon lesquelles cela constituerait une forme de fusion.Des fusions similaires dans d’autres pays, à l’image de la BBC au Royaume-Uni, avaient été envisagées mais avaient été suspendues suite à la dissolution de l’Assemblée nationale au milieu de l’année 2024.
Des tensions persistantes
Les tensions au sein du secteur de l’audiovisuel public semblent donc s’intensifier, avec des syndicats déterminés à faire entendre leur voix face à ce qui est perçu comme une menace pour l’intégrité et l’autonomie des médias publics. Les jours à venir s’annoncent cruciaux pour la suite de ce conflit, alors que les discussions sur la holding France Médias se poursuivent en parallèle des actions des travailleurs mobilisés.
La situation actuelle reflète un climat de mécontentement grandissant parmi les employés de l’audiovisuel, renforçant l’idée que les réformes de ce secteur doivent tenir compte des réalités des travailleurs ainsi que des enjeux de l’information et de la culture en France. Les résultats des débats à l’Assemblée nationale et les retombées de ces mobilisations pourraient façonner l’avenir du paysage audiovisuel public français dans les années à venir.
