Daria Kasatkina choisit l’Australie pour sa carrière
Daria Kasatkina, actuellement classée 12e au niveau mondial, a pris un tournant significatif dans sa carrière. Lors d’un récent week-end, la joueuse de tennis a annoncé qu’elle porterait désormais les couleurs de l’Australie après avoir obtenu sa résidence permanente dans ce pays. Sur son compte Instagram, elle a exprimé son enthousiasme : "Je suis fière d’annoncer que je représenterai dorénavant mon nouveau foyer, l’Australie, dans ma carrière professionnelle de tennis". À 27 ans, la demi-finaliste de Roland-Garros 2022 a fait sa marque sur le circuit WTA, atteignant une impressionnante huitième place mondiale en octobre 2022.
La Fédération de tennis australienne a rapidement salué cette nouvelle, accueillant chaleureusement la joueuse au sein de sa communauté et la désignant comme sa représentante la mieux classée.
Un changement motivé par des convictions personnelles
Originaire de Togliatti, une ville du sud-ouest de la Russie, Kasatkina n’est pas retournée dans son pays natal depuis plus de deux ans. Son choix de ne pas revenir s’explique par plusieurs facteurs, dont sa prise de position courageuse contre la guerre en Ukraine, ainsi que son coming out en tant que femme homosexuelle. Ses remarques fréquentes sur la situation politique en Russie et son opposition tacite au régime de Vladimir Poutine lui valent une notoriété particulière, à la fois admirée et critiquée. Elle n’hésite pas à décrire le conflit actuel comme un "cauchemar", tout en dénonçant la répression à l’égard de la communauté LGBTQ+ dans son pays.
L’attitude du Kremlin, qui classe le mouvement LGBT comme extrémiste, rend son parcours encore plus courageux. Les représailles contre les personnes de cette communauté sont sévères, et le risque d’emprisonnement existe pour ceux qui choisissent de les soutenir. À ce sujet, Kasatkina a déclaré lors d’une conférence de presse à Charleston : "Avec tout ce qui se passe dans mon pays d’origine, je n’avais pas vraiment le choix. En tant qu’homosexuelle assumée, si je veux être moi-même, il faut que je fasse ce pas". Ce changement de nationalité sportive marque un nouveau chapitre dans sa vie, tant personnelle que professionnelle.
Une nouvelle étape pour sa carrière
Actuellement très active sur le circuit WTA, Kasatkina partage régulièrement son quotidien avec ses fans via sa chaîne YouTube. Bien qu’elle fasse souvent la navette entre Dubaï, où elle vit avec la patineuse Natalja Zabijako, et l’Espagne pour ses entraînements, Kasatkina a l’intention de s’établir à Melbourne, une approche qui montre son engagement envers ce nouveau chapitre de sa vie.
La réaction en Russie face à ce changement a été mélangée. Des figures publiques, comme Svetlana Jourova, ancienne patineuse olympique et actuelle députée, ont exprimé leur compréhension : "Elle a fait son choix, nous devons l’accepter sans haine". Selon elle, l’influence de son entourage australien et son éloignement de la Russie ont joué un rôle dans cette décision, mais cela fait partie intégrante du monde du sport.
Dmitri Svitchev, président du Comité des sports à la Douma, a également réagi en disant que la Russie avait offert des opportunités à Kasatkina et que son choix devait être respecté. Cela soulève quelque peu des réflexions sur le rapport entre les athlètes et leur pays d’origine, surtout dans un contexte socio-politique volatil.
Des précédents dans le monde du tennis
Daria Kasatkina ne fait pas figure d’exception en étant une sportive d’origine russe à changer de nationalité. D’autres athlètes, comme Varvara Gratcheva, ont déjà suivi ce chemin. Gratcheva, née à Moscou, a opté pour la naturalisation française après avoir résidé à Paris pendant huit ans. Ce changement lui a permis de représenter la France lors des derniers Jeux Olympiques de Paris en 2024.
La décision de Kasatkina, tout en étant personnelle, est emblématique d’un phénomène plus large où les sportifs prennent des décisions vitales concernant leur identité et leur carrière, souvent influencées par des facteurs politiques et sociaux. Cela pose ainsi des questions sur le rôle que jouent l’identité et l’appartenance dans le sport moderne, surtout en période de turbulence.