Le Maroc face aux défis hydriques : une vision d’avenir durable
Sur fond de tensions croissantes autour de l’accès à l’eau, le Maroc s’engage dans une transformation de son secteur agricole, mettant l’eau au centre de ses préoccupations. La prochaine édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) en 2025 mettra en lumière le thème « Agriculture et monde rural : l’eau au cœur du développement durable », révélant ainsi le désir du pays de faire face aux enjeux climatiques par le biais d’une gestion novatrice et intégrée de ses ressources en eau.
Stratégies clés pour une agriculture durable
Deux initiatives fondamentales tracent la roadmap du Maroc : Génération Green 2020-2030 et le Plan national de l’eau 2020-2050. La première, qui succède au Plan Maroc vert, ambitionne de moderniser l’agriculture tout en augmentant sa résilience face aux aléas climatiques. Parmi ses axes stratégiques, l’accent est mis sur l’amélioration de l’efficacité hydrique et l’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes d’irrigation. Comme l’a souligné le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, « Le lien entre l’eau, l’énergie et l’alimentation est essentiel pour gérer le stress hydrique ». La durabilité des ressources en eau nécessite donc une coopération renforcée entre les secteurs de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture.
Des projets ambitieux de dessalement
Un des enjeux cruciaux réside dans la mise en place de stations de dessalement, conçues pour produire plus de 1,7 milliard de mètres cubes d’eau par an, répondant ainsi à une grande partie des besoins en eau potable d’ici 2030. Parallèlement, le Maroc vise à développer un réseau d’énergies renouvelables pour alimenter ces infrastructures, garantissant une gestion durable des ressources énergétiques. Un exemple phare est le projet d’irrigation par dessalement qui utilise des énergies renouvelables, en cours de réalisation près de Dakhla, visant à irriguer 5.000 hectares grâce à un parc éolien.
Actuellement, le pays dispose de 16 stations de dessalement, dont la production annuelle totale atteint 277 millions de mètres cubes. Cinq autres stations en projet devraient ajouter une capacité de 430 millions de mètres cubes, illustrant ainsi l’engagement du Maroc vers une utilisation durable de l’eau et pour l’atténuation des effets du changement climatique.
Optimisation de l’utilisation de l’eau en agriculture
Le Plan national d’économie d’eau en irrigation (PNEEI) contribue également à la modernisation des systèmes d’irrigation, favorisant une utilisation optimale de l’eau. En 2024, environ 850.000 hectares de terres agricoles étaient irriguées de manière localisée, avec un objectif ambitieux d’atteindre un million d’hectares d’ici 2030.
Parallèlement, le ministère de l’Équipement et de l’eau a lancé un programme de réhabilitation des canaux multiservices, qui visent à améliorer l’approvisionnement en eau d’irrigation en optimisant les infrastructures existantes. Des projets spécifiques, adaptés aux particularités de chaque canal, ont déjà été initiés, tel que la réhabilitation du canal Zidania, avec un budget de 350 millions de dirhams.
Une démarche proactive face au changement climatique
Pour faire face à la raréfaction de l’eau, des mesures ont été mise en place, favorisant des cultures moins consommatrices et limitant celles qui demandent davantage de ressources hydriques. Parallèlement, des efforts d’économie d’eau doivent également être étendus aux petites et moyennes hydrauliques, où l’efficience est encore insuffisante.
Le ministère, en coordination étroite avec les acteurs du secteur, travaille à actualiser la Stratégie nationale de l’eau. Cette démarche vise à affiner le Plan national de l’eau, afin de garantir un approvisionnement durable en eau d’irrigation, essentiel pour répondre à 80 % des besoins du pays.
L’eau, vecteur de développement durable
L’eau transcende son rôle traditionnel de simple ressource ; elle devient le moteur d’un développement rural inclusif et résilient. La participation du Maroc au SIAM 2025 s’inscrit dans cette dynamique, mettant en avant les meilleures pratiques, les partenariats essentiels et les innovations technologiques, toutes présentées comme des leviers potentiels pour transformer positivement le paysage social et économique du monde rural. L’engagement du pays envers une agriculture durable, fondée sur la gestion responsable de l’eau, illustre la volonté du Maroc de bâtir un futur où le développement agricole et la préservation de l’environnement coexistent harmonieusement.