Marguerite Bérard a récemment été nommée à la direction générale d’ABN Amro, devenant ainsi la première femme française à occuper ce poste au sein de la banque néerlandaise. Son parcours est marqué par une expertise incontestée, acquise au sein de ministères et de grandes institutions financières, notamment BPCE et BNP Paribas. Dans un communiqué, elle a exprimé son honneur d’assumer cette responsabilité et de diriger l’institution dans les années à venir, juste après l’assemblée générale des actionnaires qui a validé sa nomination.
Sa prise de fonction intervient un peu plus d’un an après son départ inattendu de BNP Paribas où elle dirigeait le réseau français. Ce départ a été perçu comme un tremplin vers des responsabilités encore plus élevées dans le secteur bancaire, qui reste majoritairement masculin, comme le souligne une collègue, qui note qu’elle avait déjà démontré ses compétences au cours de son mandat difficile. L’aspiration de Bérard à obtenir un rôle supérieur au sein de BNP Paribas se heurtait cependant à un poste déjà occupé. Elle a donc choisi de quitter la banque en mars 2024, sans préavis.
Un parcours académique d’exception
Originaire de Paris, Marguerite Bérard est née dans une famille engagée dans la fonction publique, avec une mère travaillant dans le secteur bancaire et un père préfet. Elle poursuit un cursus impressionnant en intégrant l’école nationale d’administration après son passage à Sciences Po et son master à l’université de Princeton. Sa promotion a été marquée par sa position de major, devançant d’ailleurs Emmanuel Macron, un événement symbolique dans son parcours.
Un engagement politique et privé
Marguerite Bérard est connue pour son approche libérale et son engagement au service du candidat Nicolas Sarkozy. Elle a occupé diverses fonctions, notamment comme conseillère à l’Élysée entre 2007 et 2010, puis comme directrice de cabinet au ministère du Travail. Bien qu’aimée pour son éthique de travail, elle a réalisé plus tard qu’elle avait peut-être sacrifié des moments personnels précieux au profit de sa carrière.
Son passage dans le secteur privé débute après l’élection de François Hollande, lorsqu’elle rejoint BPCE en tant que directrice générale adjointe, responsable de la stratégie. En 2019, elle fait un saut chez BNP Paribas pour prendre en main la banque commerciale en France, un secteur moins profitable avec une infrastructure technologique vieillissante. Cette transition lui impose une immersion active dans les problématiques opérationnelles, un défi qu’elle a relevé avec détermination.
Les témoignages autour d’elle soulignent son intelligence aiguisée et sa capacité à se frayer un chemin parmi des profils émergents dans le secteur bancaire. Angeles Garcia-Poveda, présidente du conseil d’administration de Legrand, la décrit comme une figure montante dont l’expertise a été reconnue par ses pairs.
Un nouveau chapitre à ABN Amro
Après son départ de BNP Paribas, Bérard est restée discrète tout en se consacrant à l’apprentissage du néerlandais, une compétence essentielle pour sa nouvelle fonction. Les défis qui l’attendent chez ABN Amro sont considérables, notamment dans un contexte post-nationalisation suite à la crise financière de 2008, alors que le gouvernement néerlandais envisage une réduction de sa participation dans la banque. Pour réussir, elle devra faire preuve de pragmatisme tout en cultivant des compétences en matière de compromis et de consensus, comme l’indique un ancien ambassadeur.
Passionnée par les idées novatrices, elle aime discuter des travaux de Daniel Kahneman, prix Nobel d’économie, qu’elle a eu l’occasion d’étudier à Princeton. Sur LinkedIn, elle partage ses recommandations, allant de livres à des recettes, tout en maintenant une image d’amie fidèle malgré les critiques qui soulignent une approche parfois perçue comme pragmatique dans ses relations.
En tant que mère de deux enfants, Marguerite Bérard a également fait parler d’elle en publiant un livre en 2019 sur son grand-père, intitulé « Le siècle d’Assia », et un thriller politico-financier, « Oligarque », coécrit avec François Pérol, ancien dirigeant de la banque Rothschild, sous le pseudonyme d’Elena B. Morozov. Ce mélange d’univers privé et professionnel témoigne de son ambition et de sa polyvalence dans un secteur en constante évolution.