mercredi, mai 14, 2025

Nos Articles à lire

Portrait

Alstom se déclare prêt à affronter la guerre commerciale.


Un Nouvel Horizon pour Alstom

Alstom, le titan français du domaine ferroviaire, a conclu l’intégration de Bombardier Transport, marquant ainsi une année charnière pour l’entreprise. Après dix ans de transformation, Alstom émerge comme un acteur majeur et résilient dans le secteur ferroviaire mondial. Henri Poupart-Lafarge, à la tête de l’entreprise depuis une décennie, décrit cette phase comme une évolution cruciale : « L’intégration de Bombardier est terminée. Alstom se présente désormais comme un groupe unifié, prêt à démarrer une nouvelle ère de développement, axée sur les services et la digitalisation. »

Des Efforts Payants

Alstom affirme avoir surmonté les obstacles financiers découlant de l’absorption de Bombardier. L’entreprise a optimisé son portefeuille de produits, rationalisé ses opérations et résolu les problèmes liés aux contrats déficitaires hérités de l’ancien propriétaire. Grâce à ces efforts, Alstom a déjà réalisé 400 millions d’euros de synergies, se concentrant maintenant sur l’amélioration continue de ses résultats financiers.

Réduction de la Dette

Après une chute alarmante de 45 % de son action due à des prévisions erronées sur le cash-flow libre en octobre 2023, la société a mis en place un plan de redressement financier. Cette stratégie a permis de réduire l’endettement net à 434 millions d’euros à la fin de la période de mars 2025, contre 2,9 milliards un an plus tôt. Les résultats annuels ont dépassé les prévisions, avec une marge opérationnelle de 6,4 % et un chiffre d’affaires de 18,5 milliards d’euros, en hausse de 6,6 %.

Paradoxalement, malgré les tempêtes économiques liées aux tensions géopolitiques et aux conflits commerciaux actuels, Alstom se montre confiant. « Notre modèle d’affaires est solide et nous préserve des conséquences de la guerre commerciale, » affirme Poupart-Lafarge. Alstom tire sa force d’un modèle multi-local qui lui permet de s’adapter aux spécificités de chaque marché, tout en offrant un vaste éventail de produits et services.

Une Production Locale et Respectueuse des Normes

Alstom ne se contente pas d’exporter des trains d’Europe vers le reste du monde. Il fabrique localement, avec un réseau impressionnant de 250 sites répartis sur 63 pays, ce qui lui permet de respecter les exigences de contenu local. Par exemple, la proportion de contenu local atteint 60 % en Afrique du Sud, 75 % en Inde et jusqu’à 90 % aux États-Unis, où l’entreprise est bien implantée avec 4 500 employés dans 45 sites.

Dynamisme du Marché Ferroviaire

À l’échelle mondiale, le marché ferroviaire affiche une croissance significative, estimée à 200 milliards d’euros pour les trois prochaines années. Cependant, certains experts soulignent que les pays très endettés pourraient réorienter leurs investissements, notamment en défense, au détriment des infrastructures de transport. Pourtant, Poupart-Lafarge reste optimiste : « Nous constatons un trafic ferroviaire en plein essor, notamment en France et en Allemagne. Notre carnet de commandes est solide », précise-t-il.

Le marché est également très concurrentiel. Des entreprises comme le chinois CRRC, qui se concentre sur l’international, et l’espagnol CAF, ayant remporté plusieurs contrats en France, sont sur le devant de la scène. Cependant, Alstom se montre serein face à cette compétition, en mettant en avant ses atouts et sa stratégie sélective pour les nouvelles commandes.

Objectifs Ambitieux

Fort de ses capacités et de la stabilité du marché, Alstom affiche des objectifs clairs pour l’avenir. L’entreprise vise une croissance annuelle de 5 % sur ses ventes, une marge d’exploitation de 8 à 10 % d’ici 2026-2027, et un free cash-flow cumulé de 1,5 milliard d’euros sur les trois prochaines années.

Accélération des Services et Digitalisation

Alstom est désormais confronté au défi majeur de livrer en temps voulu à ses clients. Malgré divers efforts d’optimisation, des retards subsistent, notamment pour le nouveau TGV M, dont la mise en service est prévue pour 2026, soit deux ans de retard. Pour soutenir un carnet de commandes conséquent de 95 milliards d’euros, l’entreprise a considérablement amélioré sa production, augmentant sa capacité de 40 % depuis l’acquisition de Bombardier.

Parallèlement, Alstom explore activement le secteur des services, incluant la maintenance et la digitalisation de ses solutions. « Les ventes dans ce domaine ont augmenté de 40 % en trois ans, et nous visons à équilibrer nos activités entre matériel roulant et services », souligne Poupart-Lafarge.

En somme, Alstom, avec son action à environ 22 euros, tient à convaincre les investisseurs de sa solidité financière. Bien que la valorisation boursière reste inférieure à ses sommets d’avant la fusion avec Bombardier, la direction reste stratégique sur ses décisions financières, notamment en ce qui concerne le versement d’un dividende, en fonction de la réduction de sa dette.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Popular Articles