Procès des anciens dirigeants de Bio C’Bon
Deux entrepreneurs, Thierry Chouraqui et Jean-Bernard Brissaud, sont actuellement sous le coup de poursuites judiciaires pour pratiques commerciales trompeuses. Ces ex-dirigeants de la chaîne de magasins Bio C’Bon comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d’avoir abusé de la confiance de milliers de petits investisseurs en leur proposant des produits financiers à haut risque, ce qui aurait engendré un préjudice colossal estimé à 400 millions d’euros.
Contexte de l’affaire
Chouraqui et Brissaud, qui ont également exercé des rôles de direction au sein de la société Marne & Finance, liquidée fin 2023, ont commercialisé ces produits financiers pendant près d’une décennie. Les autorités judiciaires soupçonnent qu’ils ont induit en erreur les investisseurs sur les véritables caractéristiques des produits proposés, présentés comme des occasions d’investissement porteurs de promesses de rendements garantis. Cependant, la réalité des risques associés était bien plus préoccupante.
Les produits financiers en question
Les deux produits controversés sont dénommés « Immo Capital Builder System (ICBS) » et « Bio C Bon Builder (BCBB) ». L’objectif de ces investissements était de contribuer au développement de l’activité Bio C’Bon ou d’acquérir des locaux commerciaux. Bien que les investisseurs aient été assurés qu’ils retrouveraient leur mise, le risque financier s’est avéré significativement plus élevé que ce qu’ils avaient anticipé.
Manipulation et dissimulation
Le parquet accuse également les prévenus d’avoir sciemment omis d’informer les investisseurs et partenaires de l’implication de Brissaud dans Marne & Finance et Bio C’Bon. Ce dernier, connu sous le nom de Thierry Brissaud, a précédemment dirigé une autre entreprise, Nasa Électronique, qui avait connu une faillite controversée dans les années 1980. Cette omission d’information a potentiellement altéré la perception des investisseurs quant à la sécurité de leurs placements.
Collecte de fonds massive
Les montants impliqués dans cette affaire sont stupéfiants. D’après un document saisi en fin d’année 2021, Marne & Finance aurait attiré plus de 7.600 investisseurs pour le produit ICBS, avec un engagement total dépassant 330 millions d’euros. Pour le produit BCBB, les sommes collectées se chiffreraient entre 100 et 150 millions d’euros.
Réaction des investisseurs et situation économique
En fin 2018, un signal d’alerte émis par l’Autorité des marchés financiers (AMF) a commencé à refroidir certains investisseurs, entraînant une frénésie chez ceux qui souhaitaient récupérer leur capital. Cependant, à mesure que la situation financier de Bio C’Bon se détériorait en 2019 et 2020, de nombreux investisseurs ont rencontré des difficultés pour obtenir un remboursement, la majorité des demandes restant sans réponse.
Conséquences de la liquidation
Marne & Finance a été déclarée en liquidation par le tribunal de commerce de Paris à la fin de 2023. Les actifs immobiliers, évalués à 437 millions d’euros fin 2020, ont été transférés à une filiale, Boissières Part, qui a ensuite été renommée Pierres Investissement en 2022. Cette structure n’a cependant pris aucun engagement financier envers les investisseurs.
Ce contexte a conduit à l’impossibilité pour ceux-ci de récupérer leur mise, laissant beaucoup d’entre eux dans une situation précaire. En parallèle, Bio C’Bon a été rachetée par Carrefour, un acteur majeur de la distribution, en novembre 2020. Le procès, qui devrait se prolonger jusqu’au 28 mai, met en lumière des dysfonctionnements profonds au sein du secteur financier et des enjeux éthiques liés à la transparence et à la responsabilité des dirigeants d’entreprise.