jeudi, juillet 3, 2025

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Analyse : Washington et Londres sous le feu des projecteurs sur le Polisario.


La montée en puissance du débat sur la classification de la "polisarien"

Les récentes évolutions géopolitiques témoignent d’un tournant significatif concernant la bande sahélo-saharienne. Des puissances occidentales, notamment les États-Unis et le Royaume-Uni, réévaluent la nature de la "polisarien", une organisation qui, au fil du temps, pourrait se voir qualifiée d’entité terroriste. Les nouvelles informations sur ses connexions avec le Corps des Gardiens de la Révolution iranien et divers réseaux criminels soulèvent de sérieuses préoccupations concernant la sécurité régionale.

Initiatives législatives américaines

Le 24 juin 2025, un moment marquant est survenu lorsque les représentants américains Joe Wilson et Jimmy Panetta ont proposé un projet de loi au Congrès. Ce dernier, nommé H.R. 4119, requiert que la "polisarien" soit inscrite sur une liste d’organisations terroristes. Ce texte de loi prévoit des sanctions contre toute personne ou entité fournissant un soutien financier ou matériel à cette organisation. L’argument principal repose sur des preuves suggérant que l’Iran, à travers le Hezbollah et d’autres intermédiaires, soutient la "polisarien".

Bien que ce projet de loi soit à ses débuts, il bénéficie d’un large soutien bipartisan. Il s’inscrit dans une dynamique plus vaste aux États-Unis, qui souhaite revoir sa politique de classifications terroristes, en suivant l’exemple de l’ajout du cartel mexicain "Sinaloa" en février 2025.

Une réévaluation similaire au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, la situation évolue également. Plusieurs voix au sein du parlement appellent à une classification de la "polisarien" comme organisation terroriste, en raison de rapports faisant état de liens militaires et de renseignement entre cette dernière et le Corps des Gardiens de la Révolution iranien.

Liam Fox, ancien ministre de la Défense britannique, a affirmé que la "polisarien" ne représente plus seulement un mouvement sécessionniste, mais qu’elle fait désormais partie des moyens utilisés par l’Iran pour menacer la sécurité en Afrique du Nord et en Europe. Le ministère de l’Intérieur examine une note visant à comparer les activités de la "polisarien" aux critères de la législation anti-terroriste britannique de 2000.

Récemment, le ministère des Affaires étrangères britannique a exprimé son soutien à l’initiative marocaine d’autonomie, la qualifiant de solution la plus pratique et crédible au conflit.

Contexte de soutien militaire

La rapide évolution des opinions occidentales est renforcée par des éléments de terrain récents. Le 27 juin 2025, une attaque par missile a été attribuée à la "polisarien" à Smara, au Maroc. Les enquêtes initiales ont révélé que des missiles de fabrication iranienne avaient été utilisés, confirmant la présence d’un soutien militaire direct. En réponse, les forces armées marocaines ont mené une opération ciblée qui a neutralisé les responsables de cette attaque.

Des rapports de renseignement signalent également que des membres de la "polisarien" ont été formés dans des camps liés au Hezbollah au Liban, sous la supervision de l’unité "Qods" du Corps des Gardiens de la Révolution iranien depuis 2021.

Un enjeu de sécurité internationale

Le climat régional est devenu encore plus complexe. Alors que la France se retire de certaines régions sahéliennes et que ses efforts de lutte contre le terrorisme rencontrent des obstacles, l’Iran semble s’efforcer de combler ce vide en utilisant des acteurs locaux armés, exploitant la vulnérabilité des frontières et les intérêts divergents des puissances internationales.

La "polisarien", bénéficiant de l’appui de l’Algérie, semble intégrée dans un cadre plus large de guerre par procuration, où les questions de sécession sont détournées pour devenir des vecteurs de menace et de déstabilisation.

Le Maroc a été précurseur en soulignant ce danger, ayant rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2018 après avoir constaté des preuves de soutien militaire à la "polisarien". Bien que cette initiative ait été accueillie avec scepticisme à l’époque, les développements actuels semblent justifier les préoccupations marocaines.

Conséquences d’une classification comme organisation terroriste

Si les États-Unis et le Royaume-Uni devaient décider de classifier la "polisarien" comme une organisation terroriste, les répercussions iraient bien au-delà d’un simple acte symbolique. Cette classification entraînerait la suspension des avoirs de l’organisation et de toute entity liée, interdisant également toute transaction financière.

De plus, cela créerait un cadre juridique pour condamner ceux qui apportent un soutien à la "polisarien", qu’il s’agisse de pays, d’organisations ou d’individus. Cela pourrait également mener à de nouvelles sanctions ciblant des activistes se présentant sous le drapeau de la "solidarité avec le Sahara occidental" en Europe et en Amérique Latine.

D’un point de vue diplomatique, une telle classification exercerait une pression sur l’Algérie et l’Iran, principaux soutiens à cette organisation, et inciterait d’autres pays à reconsidérer leurs relations avec elle. Si les initiatives occidentales s’accumulent dans cette direction, la "polisarien" pourrait perdre son soutien politique et être officiellement reconnue comme une entité terroriste.

En somme, la question du Sahara occidental est en passe de se redéfinir, non seulement en termes de géographie et de légitimité historique, mais également sur la base de considérations de sécurité nationale et de lutte contre le terrorisme.

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