Patrick se présente comme une personne méfiante. Selon ses propres mots, dès que sa femme reçoit un message des impôts ou une convocation de la gendarmerie, il sait que quelque chose ne va pas et lui conseille de ne pas interagir avec le contenu. Pourtant, en novembre dernier, c’est lui qui est tombé dans le piège.
Âgé de 75 ans et récemment à la retraite, il a été victime d’une arnaque qui se propage de plus en plus, celle du faux colis. Le scénario est classique, mais pour Patrick, les conséquences ont été particulièrement coûteuses. Il attendait un simple colis, un t-shirt blanc, sans enjeu. Il a reçu un message qui semblait provenir de Mondial Relay, complet avec logo et une formulation impeccable, lui demandant de régler un supplément minime pour la livraison du colis.
Sans hésiter, il a saisi ses informations bancaires et son numéro de portable. "C’est ainsi que tout a commencé", avoue-t-il aujourd’hui, avec des regrets. Le lendemain, il reçoit un appel qui lui coûtera 3 500 euros. Ce petit incident lié au colis s’est transformé en une importante escroquerie financière.
Au bout du fil, un individu prétend être un agent du service fraude de sa banque. Il lui demande des informations sur sa carte et son dossier, manipulant ainsi la confiance de Patrick. L’escroc l’informe qu’un compte en cryptomonnaie a été ouvert sous son nom en Côte d’Ivoire, et qu’il s’agit de vérifier s’il y a eu d’autres prélèvements tout en protégeant son compte.
Profitant de la peur de sa victime, l’escroc a fait pression sur lui pour qu’il ouvre un nouveau compte de secours afin d’y transférer tout son argent. Patrick a obéi, allant même retirer des espèces pour les déposer sur ce compte. Malheureusement, le fraudeur a tenté également de cibler le compte bancaire de sa femme, mais cela a échoué faute d’une pièce d’identité.
Tout cela a eu lieu sans jamais raccrocher. Le coup de téléphone a duré près de quatre heures. Même lorsqu’il se rendait à la banque, l’escroc restait au bout du fil, lui dictant chaque geste. Patrick se dit aujourd’hui qu’il a été "naif" et se demande comment il a pu se laisser piéger ainsi.
L’éveil de Patrick a eu lieu juste après la fin de cet appel. "Je me suis senti comme si j’avais été hypnotisé. Au moment où j’ai raccroché, la réalité m’a frappé et j’ai compris ce qui s’était passé", se remémore-t-il.
Dès le lendemain, il a contacté sa banque – la vraie cette fois – pour bloquer tout accès à ses comptes et stopper d’éventuels virements supplémentaires. "C’est ma seule bonne décision dans cette affaire, j’aurais pu perdre encore plus", reconnaît-il.
Sentant lui-même une certaine culpabilité pour avoir contribué à cette situation, Patrick a décidé de ne pas porter plainte. "Je ressens cela comme une punition personnelle", dit-il. Cependant, il souhaite sensibiliser les autres à cette problématique, espérant que son expérience puisse servir d’avertissement. Les 3 500 euros qu’il a perdus, il est désormais sûr qu’ils ne reviendront jamais.
Le prénom a été changé pour préserver l’identité de la victime, qui a également préféré ne pas divulguer plus d’informations sur la banque impliquée.