La redécouverte d’un héritage familial au sommet des Andes
Guillermo Vieiro, alpiniste argentin, a laissé derrière lui un mystère après sa disparition tragique en 1985 dans les montagnes andines. Quarante ans après sa mort, ses deux filles, Guadalupe et Azul, ont entrepris une aventure émotionnelle pour retrouver des souvenirs de leur père, dont le sac à dos était resté coincé dans la glace à haute altitude. Ce sac, enfin libéré en février dernier, contenait des objets touchants tels qu’une veste, un sac de couchage, des médicaments et, surtout, deux précieuses bobines de film Super 8, témoignant des derniers moments d’un aventurier passionné.
Une expédition périlleuse sur les traces de leur père
Âgé de 44 ans au moment de sa disparition, Guillermo Vieiro a perdu la vie lors d’une expédition sur le volcan Tupungato, culminant à plus de 6 500 mètres à la frontière chilienne. Accompagné de son jeune camarade Leonardo Rabal, qui avait seulement 20 ans, il n’a pas survécu à cette aventure tragique. Bien que leurs corps aient été retrouvés, leurs biens personnels étaient restés ensevelis sous la glace jusqu’à ce qu’une alpiniste croise le chemin du sac à dos emblématique l’année précédente. Elle ne parvint qu’à retirer la caméra Super 8 et un piolet, laissant le reste en place.
C’est ainsi que, reconnaissant le sac à dos de leur père, l’alpiniste a contacté Guadalupe et Azul Vieiro. En février, profitant du climat estival dans l’hémisphère sud, elles ont décidé de mener une expédition de 11 jours pour récupérer le sac à la hauteur impressionnante de 6 100 mètres. Les sœurs ont redécouvert l’héritage de leur père, un homme connu pour ses ascensions répétées sur des sommets prestigieux comme l’Aconcagua, le point le plus élevé de la cordillère des Andes.
Un voyage au cœur des souvenirs
Pour Azul, dont la mémoire de son père est marquée par une inquiétude d’enfance, le sujet de la montagne a toujours été un tabou. Sa mère, profondément affectée par la perte, avait tenté de conserver une certaine distance avec le passé. Azul a partagé que leur famille a été dévastée par cette tragédie : « Dans ma famille, le mot « montagne » a toujours été interdit. Ma mère ne veut rien avoir à faire avec la découverte de ce sac à dos. C’est une famille qui a été brisée par le chagrin, par le vide. »
Cependant, s’aventurer sur les traces de leur père a permis aux deux sœurs de voir au-delà de la douleur. Les photographies et les vidéos qu’elles ont retrouvées apportent une lumière nouvelle sur son parcours. Guillermo et Leonardo ont réalisé un exploit en devenant les premiers alpinistes à atteindre le sommet du Tupungato par sa face est, une voie particulièrement difficile. Les images montrent les deux hommes, souriants, réunis au sommet, il y a des décennies.
Redécouverte et transmission d’un héritage vivant
Azul a décrit ce processus de redécouverte comme étant spirituel : « C’était comme un signe : ‘Je suis toujours là, j’existe. Vous n’êtes pas seules.’ » Les photos et les vidéos captent des instants de joie, de camaraderie, et un amour évident pour la montagne. Les sœurs prennent plaisir à découvrir qui était vraiment leur père et à comprendre sa passion pour l’alpinisme. « Nous savions qu’il était mort en montagne, mais pas grand-chose de plus. Donc, c’était comme redécouvrir son histoire », a-t-elle confié.
Leurs découvertes ne se contentent pas d’évoquer le passé, elles éclairent également leur avenir. En souhaitant partager le précieux héritage de leur père, Guadalupe et Azul envisagent de donner les objets retrouvés à un musée. Elles espèrent ainsi transmettre un morceau de l’histoire de l’alpinisme argentin tout en honorant la mémoire de Guillermo Vieiro, un homme dont la passion et l’esprit aventureux continueront de vivre à travers ses filles et les récits qu’elles partageront.