Les ambitions du Maroc en matière d’hydrogène vert
Le Maroc possède un potentiel remarquable pour devenir un acteur clé dans l’économie mondiale de l’hydrogène vert. Avec ses ressources considérables en énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes, ainsi que sa proximité géographique avec l’Europe, le pays est bien positionné pour développer cette industrie stratégique. Les politiques proactives de l’État facilitent encore davantage cette dynamique, consolidant la position du Maroc en tant que leader régional.
La demande européenne en hydrogène bas carbone
À l’horizon 2040, l’Europe prévoit d’importer plus de 1 200 TWh d’hydrogène bas carbone, représentant entre 20 et 35 millions de tonnes par an. Cette demande croissante proviendra principalement de secteurs tels que la chimie, l’industrie lourde, les transports longue distance, ainsi que la production d’électricité et de chaleur industrielle. Seuls quelques pays, dont le Maroc, ont la capacité de répondre à cette demande de manière crédible en s’appuyant sur une stratégie nationale robuste.
Positionnement stratégique du Maroc
Dans le domaine de l’hydrogène vert, la coopération internationale se renforce, et le Maroc se distingue en tant qu’acteur stable et attrayant pour les investissements en Afrique. Selon la publication récente de Nature Energy, le pays affiche le coût du capital le plus bas du continent, rendant son environnement compétitif pour les investissements dans l’hydrogène vert, grâce à des politiques publiques solides.
Projets en cours
Actuellement, environ cinquante projets ont été soumis dans le cadre de l’initiative « Offre Maroc H₂ ». Parmi ceux-ci, huit projets majeurs, soutenus par de grandes entreprises comme OCP, NAREVA et ENGIE, ont été sélectionnés. Ces acteurs avancent dans leurs études en collaboration avec MASEN, l’organisme responsable de la gestion des terrains. La feuille de route du pays prévoit l’installation de 160 GW de capacités renouvelables d’ici 2040-2050, spécifiquement pour la production d’hydrogène vert.
L’ammoniac vert en première ligne
L’utilisation de l’ammoniac vert émerge comme une filière prioritaire pour le Maroc. En matière d’importations, le pays achète déjà plus de 2 millions de tonnes d’ammoniac par an. Avec des prix atteignant des sommets à plus de 1 000 dollars la tonne, une production locale d’ammoniac pourrait s’avérer compétitive, offrant des débouchés pour la production d’engrais et pour l’exportation.
Stratégie énergétique intégrée
Complémentarité entre gaz naturel et hydrogène vert
La stratégie du Maroc pour un avenir bas carbone repose sur une approche intégrée qui consiste à allier énergies renouvelables, gaz naturel et hydrogène vert. Cela vise à bâtir un mix énergétique durable et résilient. À court terme, le développement de l’ammoniac vert est prioritaire, tandis qu’à moyen terme, le projet de gazoduc Nigeria-Maroc sera essentiel pour acheminer le gaz vers l’Europe et commencer à mélanger l’hydrogène vert avec le gaz naturel, optimisant ainsi les infrastructures déjà en place.
Rôle du gaz naturel
Le gaz naturel joue un rôle de transition crucial, permettant de stabiliser le réseau électrique tout en facilitant l’intégration de renouvelables intermittents. Il est essentiel de soutenir le développement d’hybrides offrant à la fois renouvelables et hydrogène.
Objectifs à long terme
À plus long terme, le Maroc aspire à attirer des industries basées sur l’hydrogène vert, notamment dans des secteurs comme la production d’acier et la chimie bas carbone. Cela nécessitera une planification intelligente des infrastructures pour créer un environnement propice à l’industrialisation.
Maximiser les retombées industrielles
Écosystème d’hydrogène vert
Le développement de projets d’hydrogène vert représente une opportunité financière considérable pour le Maroc. Afin de maximiser cette valeur, le pays doit structurer son écosystème autour de trois axes principaux : l’intégration industrielle, le renforcement des capacités humaines et la création d’un environnement financier propice.
Intégration industrielle
Les grandes entreprises marocaines peuvent catalyser un élan national en s’impliquant dans la production d’équipements essentiels pour l’hydrogène, tels que les infrastructures électriques et les systèmes de stockage. Les PME également doivent être intégrées à ce processus pour garantir une chaîne de valeur locale.
Développement des compétences
Le renforcement des capacités humaines est également vital. Des collaborations entre universités, écoles d’ingénieurs et autres institutions techniques permettront de créer des formations adaptées aux besoins du marché. Le développement d’un réseau national de recherche appliquée, incluant des centres d’essai et de certification, renforcera l’innovation et la conformité des technologies employées.
Environnement financier
Pour favoriser l’engagement des PME, il est essentiel de créer des instruments financiers adaptés, faciliter l’accès au crédit, et renforcer le rôles des banques de développement. Ces mesures garantiront que le potentiel industriel du Maroc se transforme en réalités durables.
