Fin du soutien presse : un tournant pour les médias marocains
Lors d’une réunion récente de la commission de l’Éducation, de la Culture et de la Communication à la Chambre des représentants, Mohammed Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, a abordé le sujet crucial de la cessation du soutien financier aux entreprises médiatiques, un soutien mis en place durant la pandémie de Covid-19.
Une bataille de communication internationale
Le ministre a souligné que la presse marocaine évolue dans un contexte international concurrentiel. Selon lui, la situation actuelle de la presse est « tout à fait normale », précisant l’existence d’une structure stratégique qui soutient les réalisations du pays. Il a également évoqué le débat sur le Code de la famille, illustrant une atmosphère démocratique où la presse joue un rôle actif.
Bensaid a insisté sur le fait que le soutien gouvernemental à la presse n’est pas conditionné par la critique de l’exécutif. Il a affirmé que tous les gouvernements, y compris celui du Maroc, apportent leur soutien aux médias, tout en précisant que la critique constructive est essentielle, à condition qu’elle ne tombe pas dans le registre de l’insulte.
Un soutien financier sous forme de mesures exceptionnelles
Le ministre a expliqué que le soutien exceptionnel apporté à la presse pendant la pandémie, qui prendra fin en mars prochain, a été mis en place pour aider les entreprises à surmonter la crise. En 2021, le gouvernement avait alloué 161 millions de dirhams pour le paiement des salaires et des cotisations sociales des employés des médias. Ce montant a progressivement augmenté, atteignant 325 millions de dirhams pour l’année 2024.
Bensaid a précisé que cette logique de soutien, maintenue par le gouvernement actuel, a pour objectif d’assister les entreprises médiatiques dans leur redressement. Environ 142 entreprises ont bénéficié d’un soutien forfaitaire en 2020, montant à 5 millions de dirhams, et ce chiffre a continuellement augmenté au fil des ans.
Couverture des coûts d’impression et de distribution
Un aspect important du soutien à la presse concerne les coûts d’impression et de distribution. En 2020, ces dépenses ont totalisé 40 millions de dirhams pour l’impression et la distribution. Les allocations pour ces postes ont également varié d’année en année, avec respectivement 35 millions de dirhams pour la distribution en 2021 et d’autres montants pour les années suivantes. Pour l’année 2024, une attention particulière sera accordée à la distribution, permettant ainsi aux médias d’établir un modèle économique viabilité.
Vers un réajustement des soutiens
Bensaid a ajouté que la fin du soutien actuel en février 2024 est prévue pour laisser place à un nouveau décret. Cette initiative vise à garantir la stabilité du secteur médiatique et à renforcer ses capacités d’adaptation. Le ministre a mis l’accent sur l’importance de soutenir les journalistes, considérés comme des acteurs essentiels du paysage médiatique, et de les encourager à développer des projets au niveau local et international.
Appel à la revalorisation des salaires
Enfin, le ministre a souligné que l’accès au soutien financier serait conditionné par le respect de la convention collective qui fixe le salaire minimum pour les journalistes à 5.800 dirhams. Il a plaidé pour une revalorisation des salaires des journalistes, affirmant que cette profession joue un rôle capital dans le renforcement des valeurs démocratiques.
En somme, le ministre Bensaid a mis en lumière les défis à venir pour la presse marocaine, tout en soulignant l’importance d’un soutien structurel afin de traverser cette période de transition et de redéfinir les bases d’une presse indépendante et dynamique.