Les Défis de la Protection Sociale au Maroc
Amina Bouayach, à la tête du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), a soulevé des préoccupations majeures concernant l’accès à la protection sociale durant le neuvième Forum parlementaire international sur la justice sociale. Ce forum, centré sur l’élargissement de la protection sociale au Maroc, a permis de mettre en lumière plusieurs enjeux qui freinent cet objectif fondamental.
Un Manque de Ciblage et de Budget
Bouayach a mis en avant un constat alarmant : l’absence de ciblage précis des bénéficiaires ainsi que des budgets insuffisants impactent sérieusement l’accès aux services de protection sociale. Les besoins croissants des citoyens ne sont pas couverts en raison de cette situation, rendant ainsi difficile l’inclusion de nombreux Marocains dans ces programmes essentiels. Elle a également évoqué le retard accumulé dans l’inscription au Registre national de la population, ainsi qu’au Registre social unifié (RSU), ce qui a laissé un bon nombre de citoyens sans protection sociale.
Inégalités d’Accès aux Soins
Lors de son allocution, la présidente du CNDH a souligné les inégalités territoriales qui aggravent la situation des populations vivant dans des zones reculées. L’accès aux infrastructures de santé publique y reste particulièrement problématique, rendant les soins difficiles, voire impossibles pour certaines personnes. Bouayach a aussi évoqué les obstacles à la couverture sanitaire, en précisant que beaucoup n’ont pas réussi à transiter du régime Ramed à l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Ce manque de transition est souvent dû à des dossiers incomplets ou à l’obligation de verser une contribution financière, ce qui constitue un frein significatif.
Pérennité Financière de la Protection Sociale
Un autre point critique soulevé par Bouayach concerne la durabilité du financement des programmes de protection sociale. Elle a expliqué que certaines catégories de la population, notamment ceux qui travaillent dans le secteur informel, rencontrent des difficultés pour s’acquitter de leurs cotisations à la sécurité sociale, notamment la CNSS. De plus, des plaintes ont été reçues à propos du non-versement des aides financières, laissant de nombreuses familles dans une précarité grandissante. Bouayach a insisté sur l’importance d’élargir la base des contributeurs pour assurer la viabilité du système de protection sociale à long terme.
Infrastructures Sanitaires Fragiles
La présidente a également mis l’accent sur la fragilité des infrastructures de santé publique au Maroc. En raison d’un manque de ressources et d’équipements, beaucoup de citoyens ne peuvent pas profiter de leurs droits à la santé. La situation des hôpitaux et des cliniques publiques, souvent surchargées, témoigne des disparités existantes en matière de soins, surtout dans les régions les plus défavorisées.
Accès à l’Information et Analphabétisme
Un autre défi majeur réside dans l’accès à l’information. Bouayach a souligné que de nombreux citoyens ne bénéficient pas des programmes sociaux en raison de leur manque d’information ou de l’analphabétisme. La communication institutionnelle doit être renforcée pour simplifier et vulgariser les démarches administratives liées à la protection sociale. Ce manque d’information constitue une barrière supplémentaire qui doit être levée pour garantir l’accès de tous aux services.
Réformes Nécessaires sur les Retraites
Abordant la question des régimes de retraite, Bouayach a signalé que la pérennité du système est menacée par des difficultés financières. Elle a appelé à un débat public structuré pour réexaminer le passage d’un régime basé sur l’aide sociale vers un système contributif durable. L’objectif est d’aligner les mesures avec les recommandations de l’Organisation internationale du travail et les conventions internationales que le Maroc a ratifiées.
Conclusion sur les Défis de la Protection Sociale
Enfin, Bouayach a identifié des défis significatifs qui doivent être surmontés pour renforcer la protection sociale au Maroc. Il est essentiel d’intégrer les travailleurs du secteur informel, d’améliorer l’accès à la couverture santé, d’assurer la pérennité financière des systèmes de retraite, ainsi que d’optimiser le ciblage des aides sociales. La mise en place de mécanismes de gouvernance modernes et la numérisation des démarches administratives sont des étapes cruciales pour améliorer l’efficacité du système.
La réalisation de ces objectifs dépendra d’engagements clairs et d’actions concrètes visant à transformer le paysage social marocain, garantissant ainsi que chaque citoyen puisse bénéficier de l’assistance nécessaire et des droits qui lui sont dus.