Le Maroc et les Énergies Renouvelables : Un Potentiel Inexploité
Le Maroc se positionne comme un acteur majeur dans le secteur des énergies renouvelables, avec d’importantes ressources solaires et éoliennes. Toutefois, une grande partie de son potentiel reste sous-utilisée, surtout dans les régions rurales et montagneuses, où les citoyens éprouvent des difficultés à accéder à ces nouvelles formes d’énergie. Malgré les incitations législatives disponibles, les complexités administratives et réglementaires continuent d’entraver l’autoproduction d’énergie par les particuliers.
Un expert en environnement, Mohamed Benata, met en lumière ces enjeux lors de ses déclarations, en insistant sur l’iniquité qui règne dans l’accès aux énergies renouvelables. Il souligne que les lois, tout en autorisant l’autoproduction, favorisent indéniablement les grandes entreprises au détriment des populations locales, qui peinent à faire entendre leur voix dans un système souvent opaque.
Les Zones Rurales Face à des Obstacles Structurels
Les récents événements, tels que le tremblement de terre dans la région du Haouz, ont révélé les vulnérabilités des zones montagneuses du Maroc. Ces régions, déjà isolées, voient leur accès aux infrastructures essentielles grandement limité. Benata évoque des conditions de vie difficiles où l’utilisation de véhicules adaptés devient une nécessité pour atteindre certaines localités. Le manque de financements et d’assistance étatique accentue encore cette précarité, rendant presque impossible le développement de projets d’infrastructure.
La demande pour obtenir des autorisations de construction est souvent prohibitively élevée pour les résidents de ces régions, ce qui freine tout espoir de modernisation. Dans ce contexte, Benata préconise un modèle inspiré des pratiques allemandes, où les citoyens peuvent s’associer à l’État pour développer des initiatives liées à l’énergie solaire.
Une Inspiration Allemande pour le Développement Énergétique
En Allemagne, les initiatives individuelles en matière d’énergie solaire sont encouragées par des politiques audacieuses. Les habitants de villages ruraux peuvent produire leur propre électricité grâce à des systèmes solaires subventionnés, et ils ont la possibilité de revendre leur surplus au réseau national à un tarif fixe. Cela non seulement favorise l’investissement personnel, mais renforce également la résilience énergétique des communautés locales.
Benata a eu l’occasion d’explorer ces systèmes en Allemagne et se dit impressionné par les mesures prises pour impliquer la population dans la transition énergétique. Il constate que partout où il se rend, des panneaux solaires et des éoliennes sont omniprésents, soutenus par un cadre législatif solide et des aides gouvernementales.
Mobiliser le Potentiel Énergétique du Maroc
Pour Benata, le Maroc a un énorme potentiel en matière d’énergies renouvelables, mais il est essentiel que ce potentiel soit accessible à tous. Les grandes entreprises ne devraient pas monopoliser ces ressources au détriment des petits producteurs et des communautés rurales. Les expériences réussies en Allemagne doivent servir de cadre de référence pour développer des politiques publiques qui facilitent l’implication des citoyens dans la production d’énergie durable.
Il mentionne des exemples de petits villages allemands, avec des populations modestes, qui ont réussi à générer leur propre électricité à travers des initiatives communautaires soutenues par l’État. Au Maroc, la législation actuelle, notamment la loi 82-21, reste un obstacle majeur pour les indépendants, limitant leur capacité à contribuer à cette transition énergétique. Une révision de cette loi est impérative pour encourager un engagement populaire dans cette initiative.
Appel à une Réforme Énergétique
Pour remédier à ces défis, Benata propose une réforme complète du cadre réglementaire relatif à l’autoproduction d’énergie. Ses recommandations incluent :
- Faciliter l’accès aux subventions pour les individus souhaitant investir dans des équipements de production d’énergie renouvelable.
- Alléger les formalités administratives et réduire les coûts afférents aux projets d’énergie renouvelable, en particulier dans les zones rurales.
- Établir des partenariats entre le secteur public et privé pour encourager les initiatives d’énergie personnelle.
- Réformer la loi 82-21 afin d’éliminer les obstacles qui freinent les petits producteurs.
- Promouvoir les investissements communautaires, permettant aux villages de collaborer pour créer et gérer des solutions énergétiques durables.
Benata souligne que la transition énergétique représente non seulement un enjeu environnemental, mais également une opportunité socio-économique majeure. En investissant dans les énergies renouvelables, le Maroc pourrait non seulement réduire son empreinte carbone, mais aussi créer des emplois et revitaliser les zones rurales. Les ressources et le savoir-faire sont en place ; il reste maintenant à prendre des mesures concrètes pour assurer un avenir énergétique équitable et durable.
