vendredi, avril 18, 2025

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Des acteurs financiers désirent canaliser l’épargne vers l’Europe.


Mobiliser l’épargne des Européens pour soutenir les entreprises

Les acteurs du secteur financier révèlent une préoccupation croissante concernant l’orientation de l’épargne des Européens, qui semble se diriger davantage vers des grandes entreprises cotées que vers des sociétés de taille plus modeste. Un manifeste, publié récemment à l’occasion de la conférence annuelle d’Euronext, lance un appel ferme à réorienter cette épargne vers des actifs perçus comme plus risqués, notamment les actions. Cette démarche s’inscrit dans un contexte où les 27 pays européens cherchent à renforcer leur économie et leur résilience face aux défis mondiaux.

Ce manifeste, signé par des institutions comme l’Association française de la gestion financière et l’Association française des marchés financiers, ainsi que par des organisations représentant des sociétés de taille intermédiaire, met en lumière deux points clés. Tout d’abord, bien que l’Union européenne se place au deuxième rang mondial en matière d’épargne, elle peine à réinvestir ces fonds dans ses propres entreprises. Ensuite, une proportion significative d’actions détenues par les gestionnaires d’actifs européens provient d’entreprises non-européennes, représentant environ 68% des portefeuilles. Ce constat souligne un décalage préoccupant entre l’épargne des ménages et les investissements dans les entreprises locales.

Une épargne sous-utilisée et mal orientée

Les signataires du manifeste insistent sur le fait que l’épargne des citoyens est souvent concentrée sur des placements jugés plus sécurisés, tels que les assurances vie, plutôt que sur les actions. En effet, lorsqu’elle est mobilisée, cette épargne est largement exposée à des actifs plus risqués, ce qui laisse peu de place au financement direct d’entreprises européennes. Par exemple, des pays comme le Royaume-Uni ont mis en place des mécanismes efficaces, telles que l’obligation pour les employeurs de proposer des plans de retraite par capitalisation, garantissant ainsi un flux régulier de capitaux vers les marchés boursiers.

Des résultats préoccupants sur le marché des actions

En ce qui concerne le marché français, la situation est également préoccupante. Bien qu’il y ait eu une affluence d’un million de nouveaux investisseurs individuels dans le secteur boursier au cours des quatre dernières années, le chiffre reste faible : seulement 10% des ménages français investissent directement en actions, comparativement à 33% au Royaume-Uni. Ce faible niveau d’engagement rend difficile l’accès au financement pour les entreprises cotées plus modestes, qui ont souvent besoin de ressources pour se développer.

Les experts notent également un changement de tendance depuis la crise de la Covid. Historiquement, les petites et moyennes entreprises avaient tendance à surperformer sur les marchés par rapport aux grandes capitalisations, en raison de leurs perspectives de croissance jugées plus prometteuses. Cependant, cette dynamique semble s’être inversée, ce qui complique davantage la situation pour les petites sociétés cotées.

Propositions pour revitaliser le marché européen

Pour pallier ces défis, plusieurs suggestions sont mises en avant dans le manifeste. Parmi elles, l’idée d’établir un « label européen », qui pourrait être accompagné d’un régime fiscal attractif, est évoquée. Ce label pourrait servir à encourager les investisseurs à s’engager davantage dans le financement des entreprises européennes. En outre, il est proposé de relancer la titrisation, une méthode financière visant à regrouper divers crédits bancaires pour les convertir en actifs négociables sur le marché, ce qui permettrait de dynamiser l’accès aux capitaux pour les entreprises de taille intermédiaire.

La nécessité d’une mobilisation substantielle de l’épargne des Européens vers des actifs plus risqués n’a jamais été aussi pressante. Les propositions formulées dans le manifeste pourraient potentiellement ouvrir la voie à un renouveau économique pour les entreprises du Vieux continent, tout en offrant aux investisseurs des opportunités intéressantes pour diversifier leurs portefeuilles. La transformation de l’épargne des citoyens en capital productif pourrait jouer un rôle crucial dans la croissance économique européenne, tout en renforçant sa compétitivité sur la scène mondiale.

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