Protestations au Parlement européen contre la rencontre avec le Polisario
Une décision controversée a été prise au sein du Parlement européen, qui prévoit une rencontre avec des membres du Polisario le 28 janvier dans le cadre d’une audition de la Commission du commerce extérieur. Ce rendez-vous a été initié par des eurodéputés d’extrême gauche et a suscité un tollé parmi d’autres députés, inquiets des répercussions sur les relations avec le Maroc.
Les tensions croissantes autour du Maroc
L’annonce de cette rencontre a provoqué des réactions vives, en particulier de la part du groupe des Patriotes pour l’Europe (PPE), qui estime que cette initiative nuit à l’image du Parlement européen tout en heurtant un partenaire stratégique, le Maroc. Le député français Thierry Mariani s’est exprimé pour dénoncer l’invitation, demandant son annulation immédiate.
La polémique prend place dans un cadre de tensions exacerbées, où certains groupes politiques européens semblent s’opposer ouvertement au Maroc. L’invitation des membres du Polisario a principalement reçu le soutien des eurodéputés de l’extrême gauche, entre autres Les Verts et l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Cependant, cette approche est loin d’être consensuelle, de nombreux députés exprimant leur désaccord.
Les accusations contre le Polisario
Mariani et ses collègues pointent du doigt le caractère problématique du Polisario, qu’ils qualifient de « milice séparatiste » soutenue par l’Algérie. L’eurodéputé a souligné que le Polisario est impliqué dans des actes de violence, comme en témoigne le décès survenu à Smara en octobre 2023 à la suite de tirs de projectiles, ainsi que des allégations de détournement d’aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis à Tindouf. À ses yeux, inviter cette organisation revient à donner une légitimité à des éléments qui visent à déstabiliser la région.
Selon Mariani, une telle initiative compromet la crédibilité du Parlement et met en péril les relations stratégiques que l’Union européenne tisse avec le Maroc, un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires.
Le boycott du groupe PPE
Face à ces préoccupations, le groupe PPE a décidé de boycotter cette audition, évoquant l’article 10 du règlement intérieur du Parlement européen, qui exige que les députés préservent la dignité de l’institution. Mariani a précisé que son groupe refuse de participer à ce qui pourrait être perçu comme une légitimation d’une organisation soutenue par l’Algérie, et qui risquerait de nuire aux efforts collaboratifs avec le Maroc.
Ces tensions ne se limitent pas à une simple question de diplomatie, mais touchent également à des enjeux géopolitiques plus larges. L’Union européenne bénéficie de partenariats avec le Maroc dans des secteurs critiques comme la pêche, le commerce et la sécurité. L’opposition manifeste des eurodéputés du PPE souligne une inquiétude profonde sur les implications potentielles de cette audition, qui pourrait miner ces relations précieuses.
Les conséquences possibles de cette initiative
L’audition prévue pose donc un questionnement crucial sur les orientations futures de l’Union européenne concernant sa politique vis-à-vis du nord de l’Afrique et, plus particulièrement, du Maroc. Le risque est réel que cet événement ne participe qu’à cristalliser davantage les tensions sur un sujet déjà délicat, amenant à des complications dans les dialogues bilatéraux.
Les eurodéputés du PPE, en boycottant cette rencontre, cherchent également à faire un point d’honneur concernant l’importance de maintenir des alliances stratégiques intactes. Leur position met en lumière une dynamique au sein du Parlement européen où les lignes de fracture idéologique et géopolitique sont plus visibles que jamais.
Il reste à voir comment cette situation évoluera et quelles pourraient être les réponses des différentes parties impliquées, tant au sein du Parlement que dans les relations euro-marocaines.