Soutien au Dialogue Social et État des Lieux au Maroc
Dans un contexte économique et social complexe, le dialogue social au Maroc suscite un débat intense, particulièrement en ce qui concerne son financement et ses résultats. Rachid Hallaouy a reçu Hicham Zouanat, président de la commission sociale de la CGEM et administrateur à l’OIT, pour discuter des répercussions financières et des enjeux liés à ce dialogue qui mobilise d’importantes ressources.
Les Chiffres Clés: Investissements et Financements
Le ministre de l’Emploi a révélé un coût prévisionnel de 46 milliards de dirhams pour l’État d’ici 2026. Cela couvre les engagements du dialogue social, notamment les augmentations salariales dans le secteur public et la revalorisation des allocations familiales. Les entreprises privées doivent également anticiper une charge supplémentaire de 10 milliards de dirhams, liée à l’augmentation progressive du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Bien que ces montants semblent élevés, Hicham Zouanat a souligné que leur financement proviendrait de recettes fiscales supplémentaires, notamment de la TVA. Cela signifierait que les contribuables et consommateurs soutiennent indirectement ces initiatives.
Un Dialogue Réformé et Équilibré
Hicham Zouanat a mis en avant des avancées notables dans le dialogue social, soulignant que les demandes du patronat sont désormais prises en compte de manière plus équitable. Cette évolution marque un tournant par rapport au passé. Les discussions ont permis d’aborder des sujets cruciaux tels que la législation sur la grève et la réforme du Code du travail. Cependant, il y a un consensus sur la nécessité d’initier des réformes dans l’administration publique pour une meilleure efficacité. Le président de la commission sociale a évoqué l’importance d’un cadre juridique clair pour les grèves, afin de protéger les droits des travailleurs tout en respectant les réalités du marché.
Améliorations Attendues dans le Secteur Public
Les augmentations salariales dans le secteur public doivent s’accompagner d’une vraie amélioration des services auprès des citoyens et des entreprises. Zouanat insiste sur la nécessité d’une administration plus dynamique et moins bureaucratique. Ces hausses devraient également s’accompagner d’objectifs de performance clairs, afin de garantir une réelle valeur ajoutée aux contribuables.
Le patronat met en garde contre les comparaisons directes entre les salaires du public et du privé, rappelant que ce dernier est soumis à des contraintes de compétitivité internationale et à un secteur informel difficile à réguler. La revalorisation des salaires dans le privé doit s’accompagner d’une augmentation de la productivité sous peine de nuire à la compétitivité.
Réformes du Code du Travail: Une Approche Progressive
La CGEM souhaite profiter de l’élan créé par le dialogue social pour relancer la réforme du Code du travail. Toutefois, Hicham Zouanat a exprimé son opposition à une réforme brutale, plaidant pour une révision graduelle, qui ciblerait une trentaine d’articles prioritaires. L’un des principaux points de blocage reste l’intervention des autorités dans les procédures de licenciement économique, un rôle qui devrait revenir aux partenaires sociaux.
Retraites: Une Réforme Urgente
Le sujet des retraites représente un autre défi majeur. La CGEM alerte sur la pression sur les caisses de retraite, insistant sur la nécessité d’une action rapide. Les experts recommandent une réforme en deux étapes : d’abord paramétrique (révision de l’âge de départ, taux de cotisation et prestations) et ensuite systémique, prenant en compte la pénibilité des métiers.
Vers une Stratégie d’Emploi Plus Crédible
Concernant la feuille de route de l’emploi, Hicham Zouanat a salué l’ambition de créer 1,4 million d’emplois d’ici 2030, tout en appelant à une mobilisation réelle. Il a souligné l’importance de simplifier l’administration pour favoriser les investissements et renforcer la communication envers les PME. Selon lui, l’enjeu n’est pas seulement d’offrir des incitations fiscales, mais de générer des carnets de commandes pour stimuler l’activité économique.
Pour accompagner la flexibilité demandée par le patronat, la CGEM appelle à renforcer les dispositifs de protection sociale, tels que l’indemnité pour perte d’emploi. Depuis plusieurs années, seuls les employeurs et les salariés contribuent à ce filet social, et il est temps que l’État participe aussi.
Responsabilité Collective et Perspectives Futures
Pour conclure, Hicham Zouanat a réaffirmé l’importance d’une approche pragmatique et des résultats tangibles issus du dialogue social. Ce dernier doit servir à améliorer la compétitivité, à créer des emplois et à assurer la paix sociale. La CGEM attend désormais que les engagements pris se traduisent en actions concrètes. Le cap est donc fixé pour 2026, avec l’espoir d’une avancée collaborative vers un avenir meilleur.