La diplomatie parlementaire marocaine face à des défis stratégiques
Alors que le Maroc intensifie ses efforts pour obtenir un soutien international sur le dossier du Sahara, la diplomatie parlementaire se présente comme un levier crucial pour défendre les intérêts nationaux. Cependant, des défis importants demeurent, mettant en évidence des lacunes significatives dans les actions de la Chambre des Représentants. Ces éléments ont été révélés dans une étude récente de l’Institut marocain d’analyse des politiques (MIPA).
Une dynamique de soutien en évolution
Dans un climat mondial où le Maroc bénéficie d’un appui croissant concernant le Sahara, la diplomatie parlementaire pourrait jouer un rôle déterminant dans l’obtention de succès stratégiques. Pourtant, des statistiques alarmantes montrent que seulement 14 % des 495 initiatives diplomatiques entreprises par la Chambre des Représentants ont réussi à obtenir des soutiens concrets en faveur de l’intégrité territoriale marocaine, selon l’étude intitulée « Diplomatie parlementaire : Défauts hérités et occasions manquées », réalisée par le chercheur Yasser Al Makhtoum.
Groupes d’amitié parlementaire : un fonctionnement défaillant
Bien que la charte interne de la Chambre stipule la création de groupes d’amitié parlementaire, leur efficacité semble gravement compromise. L’absence de rapports d’activités ou de programmes de travail a mis en lumière des difficultés dans l’atteinte des objectifs, comme l’indique l’étude. Parmi les 148 groupes d’amitié formés, peu ont été véritablement opérationnels, et il convient de noter qu’environ 41 membres de la Chambre ne sont pas affiliés à un groupe, ce qui dénote un désintérêt pour la diplomatie parlementaire.
Déséquilibre dans l’organisation des actions diplomatiques
L’analyse des activités diplomatiques révèle que 73 % des initiatives sont menées par le bureau de la Chambre, composé du président, des vice-présidents et du secrétaire. En revanche, les groupes d’amitié ne contribuent qu’à hauteur de 6 %. Cette disproportion indique un besoin urgent de réformer et de renforcer les capacités dans le domaine de la diplomatie parlementaire afin d’optimiser son impact.
La nécessité d’une formation adéquate
Un autre enjeu majeur réside dans la formation des parlementaires. Malgré les recommandations du Roi Mohammed VI qui a mis en avant la nécessité d’une meilleure préparation et coordination, les actions entreprises restent insuffisantes. Le projet de partenariat avec l’académie diplomatique, essentiel pour doter les parlementaires des compétences nécessaires, est encore en attente de réalisation, laissant les élus sans les outils requis pour gérer des dossiers sensibles sur la scène internationale. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de parlementaires sans diplôme de baccalauréat et les difficultés persistantes en langues étrangères posent un sérieux handicap à l’efficacité des actions diplomatiques.
Allocation budgétaire et questionnement sur l’efficacité
Sur le plan financier, il est regrettable de constater qu’aucun budget n’a été alloué aux groupes d’amitié pour l’année 2025. Bien qu’un montant de 49,1 millions de dirhams ait été réservé à la diplomatie parlementaire, une part significative de cette somme est consacrée aux frais de déplacement et d’hébergement. Cela soulève des interrogations sur l’efficacité réelle de ces initiatives, souvent perçues comme des voyages plus qu’une véritable diplomatie.
Perspectives d’avenir pour la diplomatie parlementaire
Face à cette série de défis, il devient essentiel que la Chambre des Représentants prenne des mesures proactives pour revitaliser sa diplomatie parlementaire. Cela implique une meilleure structuration de ses activités, la mise en place de programmes de formation adaptés et un engagement à long terme en faveur d’une planification rigoureuse. L’établissement d’une académie diplomatique pourrait constituer une ressource précieuse pour le développement des compétences des parlementaires, leur permettant de défendre les intérêts stratégiques du Maroc sur la scène internationale avec efficacité. La diplomatie parlementaire doit ainsi évoluer pour devenir un véritable instrument d’influence, capable de produire des résultats concrets au service de la nation.