jeudi, mai 8, 2025

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Disparition imminente des tours réfrigérantes du Tricastin


Le démantèlement des tours d’Eurodif : un chantier colossal

Les deux tours aéroréfrigérantes d’Eurodif, hautes de 123 mètres et larges de 90 mètres à la base, représentent un symbole fort de l’industrie nucléaire dans la région de la Drôme. Ancienne usine d’enrichissement d’uranium d’Orano, situées près de la centrale nucléaire du Tricastin, ces structures emblématiques sont actuellement en cours de démantèlement. Bien que impressionnant, ce projet de déconstruction, prévu pour s’achever en juin 2026, constitue une partie d’une opération bien plus vaste.

Un démantèlement qui s’inscrit dans un projet à long terme

Le démantèlement d’Eurodif ne s’arrête pas aux tours aéroréfrigérantes. En effet, les opérations de déconstruction s’étendront jusqu’en 2051, pour un coût total estimé à 1,2 milliard d’euros. Dans cet immense chantier, les chiffres sont vertigineux : ce sont 160 000 tonnes d’acier, équivalentes à environ vingt tours Eiffel, et 30 000 tonnes d’équipements métalliques qui devront être retirées. En outre, plus de 1 300 kilomètres de tuyauterie sont également concernés.

Des matériaux à traiter avec précaution

La gestion des déchets est un élément crucial de ce processus. Les matériaux extraits, qualifiés de « faiblement radioactifs », ont été soumis à un décontaminement rigoureux. Leur destination finale est l’un des sites de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Toutefois, Orano, l’entité en charge de ces opérations, espère pouvoir recycler une partie de ces matériaux grâce à la législation récemment adoptée en 2022.

Quant aux 25 000 tonnes de béton armé des tours de refroidissement, ces matériaux ne sont pas considérés comme des déchets nucléaires puisqu’ils n’ont jamais été en contact avec des substances radioactives. Ces éléments pourront être concassés et réutilisés comme granulats dans des travaux publics, tandis que le métal récolté pourra être fondu pour un nouvel usage.

Un chantier d’une ampleur inédite

Le début des opérations de démantèlement est marqué par l’arrivée d’une grue massive équipée d’une pince à béton, qui a commencé à grignoter les tours il y a environ quinze jours. Ce processus a nécessité d’importantes autorisations administratives et la mise en œuvre de décrets ministériels avant de pouvoir commencer. La fermeture d’Eurodif remonte à 2012, et depuis cette date, ces tours n’avaient plus émis de vapeur d’eau, marquant ainsi une nouvelle ère pour ce site emblématique.

Les défis techniques et environnementaux

Le démantèlement d’une installation de cette ampleur soulève plusieurs défis techniques et environnementaux. Il s’agit non seulement d’assurer la sécurité des travailleurs engagés dans ces opérations, mais aussi de minimiser l’impact environnemental. La déconstruction doit être effectuée avec une attention minutieuse, en veillant à respecter les normes en matière de sécurité et de pollution.

Le recyclage des matériaux est également une priorité pour le groupe Orano, qui s’efforce de développer des solutions durables. La possibilité de réintégrer les matériaux extraits dans l’économie circulaire représente une avancée significative dans la gestion des déchets nucléaires.

Une nouvelle étape dans l’histoire du site

Ce chantier de démantèlement est plus qu’un simple projet de construction : il symbolise la fin d’une époque et le début d’un processus de transition pour le site de l’ancienne usine d’enrichissement d’uranium. Alors que les tours sont progressivement réduites à néant, une nouvelle fonctionnalité pour cette zone pourrait voir le jour.

Tandis que la déconstruction se poursuit, l’accent sera mis sur la surveillance des risques potentiels associés aux opérations. La gestion des déchets et la réduction de l’empreinte écologique du chantier seront également des aspects surveillés de près par les autorités compétentes.

Ainsi, le démantèlement d’Eurodif représente une étape essentielle dans la gestion du patrimoine nucléaire français, avec des implications à long terme qui vont bien au-delà des simples structures en béton et en métal. C’est un chantier qui pourrait servir de modèle pour d’autres opérations de ce type, intégrant des avancées technologiques et des pratiques durables.

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