Une année marquée par des défis et des espoirs
En 2024, le groupe Elo, qui englobe le distributeur Auchan ainsi que les activités immobilières de NHood et Ceetrus, a affronté une année difficile. Malgré une perte nette dépassant 1,2 milliard d’euros et des mesures de réduction des effectifs chez Auchan, les perspectives de rebond sont encourageantes. Guillaume Darrasse, le directeur général d’Auchan Retail, a mentionné que l’année se décompose en deux segments : un premier semestre difficile, suivi d’un second semestre plus prometteur avec une reprise des ventes.
Les revenus du groupe Elo ont atteint 32,3 milliards d’euros en 2024, marquant une modeste augmentation de 1,6 %. Ce chiffre est terni par une perte considérable par rapport à l’année précédente, d’origine principalement liée à des dépréciations d’actifs et à une baisse de la rentabilité. Dans le but d’améliorer sa performance commerciale en France, le distributeur a décidé d’investir massivement dans la politique de prix, ce qui a des répercussions sur la rentabilité à court terme, mais qui devrait, selon Guillaume Darrasse, permettre de stimuler la croissance à plus long terme.
Stratégies d’acquisition et de repositionnement
En 2024, Auchan a procédé à l’acquisition de 94 magasins auparavant détenus par son concurrent Casino, particulièrement dans le sud-est de la France, alors que son implantation historique est principalement au nord-est. Cette initiative a entraîné une réduction des prix sur certains produits, avec un coût estimé à 64 millions d’euros. Toutefois, ces ajustements tarifaires sont conçus pour renforcer la compétitivité de l’enseigne.
Parallèlement, un plan social ambitieux a été annoncé à la fin de l’année, menaçant environ 2 400 emplois en France et envisageant plusieurs fermetures de magasins. Guillaume Darrasse a précisé que ce plan, axé sur l’efficacité opérationnelle, devrait générer des économies annuelles de 100 millions d’euros d’ici 2027, soulignant ainsi l’engagement d’Auchan dans une perspective de long terme.
Un contexte financier complexe
Barthélémy Guislain, président de l’association familiale Mulliez et membre du conseil d’administration d’Elo, a reconnu les importantes échéances financières à venir. Il a affirmé que toutes les décisions, investissements et projets sont alignés pour faire face à ces défis. Il se montre confiant dans la capacité du groupe à atteindre ses objectifs, surtout avec la stabilité actionnariale actuelle.
Le projet de Guillaume Darrasse pour Auchan est perçu comme cohérent et dispose du soutien total du conseil d’administration. L’expérience passée a montré qu’un retournement d’entreprise demandait au minimum 18 mois pour être visible. Les actionnaires ont substantiellement soutenu l’acquisition des magasins Casino par une injection de capital de 300 millions d’euros.
Cessions d’actifs et perspectives d’avenir
Afin de renforcer sa situation financière, le groupe Elo a prévu un programme de cessions d’actifs immobiliers pour 2025 et 2026, qui devrait rapporter environ 1 milliard d’euros en liquidités. De plus, Auchan a récemment décidé de se retirer du marché hongrois, ce qui entraîne des ajustements stratégiques à l’échelle internationale.
Jean-Baptiste Emin, directeur général délégué d’Elo, a déclaré que le groupe détient des actifs immobiliers significatifs, évalués à 6 milliards d’euros pour Auchan et 7,2 milliards d’euros pour New Immo. Malgré le fait que la dette d’Elo ait été notée comme spéculative par l’agence de notation S&P en mars 2024, en raison d’incertitudes sur sa capacité à faire face à ses engagements, elle est restée globalement stable en 2024, avec une dette nette de 2,9 milliards d’euros.
Avec une volonté de revoir la structuration de son financement, Elo envisage de dissocier les dettes d’Auchan de celles de New Immo Holding. Les décideurs du groupe s’engagent à discuter de cette stratégie avec leurs partenaires financiers dans les semaines à venir, en vue de renforcer la résilience de l’entreprise face aux défis économiques à venir.