La Parité Politique au Maroc : Un Combat Inachevé
Une Constitution Prometteuse à l’Épreuve de la Réalité
Depuis l’adoption de la Constitution de 2011, qui a introduit pour la première fois le principe de parité, Maroc a reconnu l’importance de la participation des femmes à la vie politique. Cette avancée a suscité de nombreux espoirs chez les mouvements féministes et les défenseurs des droits humains. Cependant, malgré les promesses législatives et la création d’instances dédiées à la parité, la réalité demeure décevante.
Les Obstacles Persistants
Une étude récente réalisée par Ikram Adnani, enseignante à l’Université Ibn Zohr à Agadir, met en lumière les nombreux défis qui continuent d’entraver la participation politique des femmes. Malheureusement, malgré l’accroissement des quotas de sièges réservés aux femmes lors des dernières législatives, la représentation féminine dans des postes non réservés reste très limitée. Par exemple, lors des élections de 2021, 95 femmes ont été élues, mais seulement 5 d’entre elles l’ont été sans avoir recours aux quotas. Cela souligne une stagnation préoccupante dans la participation des femmes aux instances politiques.
L’Instance de Lutte pour la Parité : Un Vœu Inexprimé
Bien que l’article 19 de la Constitution ait prévu la création d’une Instance pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination, celle-ci semble être devenue une coquille vide. Cette instance, composée d’un président et de 24 membres, est censée promouvoir les principes d’égalité et de parité au sein des institutions politiques. Cependant, son inactivité laisse entrevoir un manque d’engagement réel envers l’avancement des droits des femmes.
Une Représentation Insuffisante dans les Institutions
En dépit des réformes introduites pour favoriser la représentation féminine, la situation demeure préoccupante. Dans le gouvernement actuel, sur 28 ministres, seules 7 femmes occupent des postes. De même, dans la Chambre des conseillers, les femmes ne représentent que 12 % des élus. Bien que la présence féminine soit légèrement plus significative dans les conseils régionaux et municipaux, elle reste en deçà des attentes.
Les Stéréotypes de Genre et le Manque de Soutien
Les partis politiques, qui devraient être des vecteurs de changement, continuent souvent à privilégier les candidatures masculines, renforçant ainsi les stéréotypes de genre. Ce phénomène est aggravé par la perception culturelle selon laquelle les hommes sont plus aptes à diriger. De plus, le manque de soutien aux femmes dans leur ascension professionnelle, couplé à des disparités économiques, limite leur capacité à accéder à des postes de décision. En 2021, seulement 20 % des femmes participaient au marché du travail, ce qui reflète un déséquilibre préoccupant en matière d’opportunités.
Conclusion : Une Voie Semée d’Embûches
Malgré les avancées législatives, le chemin vers une véritable parité politique au Maroc est encore parsemé de difficultés. l’engagement en faveur de la parité nécessite non seulement des réformes structurelles, mais également une volonté politique forte pour transformer les discours en actions concrètes. Sans un changement significatif dans les mentalités et le soutien aux femmes, la route vers la parité restera probablement une promesse difficile à réaliser.
