Un réseau logistique en pleine expansion
Depuis plusieurs années, l’AMDL s’efforce de créer un réseau logistique solide à l’échelle nationale, en développant plusieurs plateformes dans diverses villes, notamment à Tanger, Fès, Meknès et Agadir. Ces infrastructures ont été choisies en fonction de besoins spécifiques et d’un écosystème propice.
«Nous avons commencé avec les villes où la demande était pressante et où les conditions étaient favorables», a expliqué El Machrafi. L’objectif actuel est d’implémenter cette stratégie à Casablanca, une ville où les défis logistiques sont plus complexes. À cet effet, un diagnostic de la situation logistique de la métropole a été effectué en collaboration avec le cabinet Naos. Les résultats révèlent un besoin élevé dans le dernier kilomètre, avec des flux considérables provenant du port, des zones industrielles, des marchés et de la grande distribution.
El Machrafi a ajouté : «Le flux existe, mais il y a un manque de structuration. Nous devons agir rapidement.»
Les pôles logistiques en préparation
Les perspectives des futurs pôles logistiques de Casablanca prennent forme. Le site de Zenata, adjoint à la zone industrielle existante, devrait accueillir une plateforme multimodale connectée au port, aux grands axes routiers et éventuellement au réseau ferroviaire. Un second site à Ouled Saleh, au sud-est de la ville, sera conçu pour accueillir divers opérateurs, notamment ceux spécialisés dans le e-commerce et le secteur agroalimentaire.
Des discussions avec les autorités locales et les acteurs privés avancent activement. L’ambition est de créer des infrastructures modernes capables d’améliorer la gestion des flux, de mutualiser les services logistiques et de réduire l’impact environnemental du transport urbain.
Renforcer la gouvernance urbaine
Casablanca fait face à des enjeux typiques liés aux grandes agglomérations : congestion, pollution, coûts élevés des terrains. La gouvernance urbaine, souvent désordonnée, rend difficile une coordination efficace entre les différents acteurs.
«Il est essentiel de dépasser les logiques de fonctionnement en silos», a souligné El Machrafi. «Un aménagement réussi doit intégrer ces plateformes au tissu urbain et respecter les contraintes locales.» L’AMDL prône une approche collaborative, intégrée aux documents d’urbanisme et aux politiques de mobilité. Il a également souligné que le transport des marchandises, représentant près de 25 % du trafic urbain, doit être envisagé à l’égal du transport des personnes.
Des solutions innovantes à explorer
Pour répondre à ces divers défis, l’AMDL envisage plusieurs modèles adaptés à la réalité de Casablanca, comme des hubs logistiques de petite taille, des centres de mutualisation à l’entrée de la ville, ou des solutions de logistique partagée pour les commerces locaux.
Une attention particulière sera portée au dernier kilomètre, souvent coûteux et polluant. L’agence examine l’utilisation de véhicules écologiques, la réorganisation des tournées de livraison et l’instauration de créneaux horaires spécifiques pour optimiser le transport.
«Les opérateurs privés doivent également évoluer et adopter des pratiques plus durables», a déclaré El Machrafi, notant que de nombreuses entreprises fonctionnent encore de manière désordonnée, augmentant ainsi les nuisances et les coûts.
Un tournant stratégique pour la métropole
À l’échelle nationale, les investissements dans la logistique urbaine devraient atteindre 11 milliards de dirhams d’ici 2030, avec une grande part de ces efforts concentrée sur Casablanca. En plus de l’amélioration des infrastructures, l’AMDL s’engage à renforcer les compétences des opérateurs, à favoriser l’innovation technologique et à améliorer la réglementation sectorielle.
Le récent salon Logismed 2025 a permis de mettre en lumière les progrès réalisés et de renforcer les synergies entre les secteurs public et privé. «Nous avons déjà un bon socle, mais il est crucial d’accélérer le processus. Casablanca ne peut se permettre d’attendre davantage. Sa compétitivité et la qualité de vie de ses résidents en dépendent», a conclu le directeur général.