Google lance AI Overviews en Europe : une menace pour les éditeurs français ?
Les innovations technologiques s’accélèrent, et l’une des plus marquantes est le développement par Google de sa fonctionnalité AI Overviews. Cette nouvelle option, intégrée à son moteur de recherche, fournit des résumés générés par intelligence artificielle en réponse à certaines requêtes, avant même de proposer des liens vers des sources d’éditeurs d’actualités. L’outil repose sur le modèle d’intelligence artificielle Gemini, qui analyse et synthétise le contenu de millions de sites internet, incluant de médias reconnus ainsi que d’éditeurs indépendants.
Déploiement et portée de la fonctionnalité
AI Overviews est déjà opérationnel dans une dizaine de pays européens tels que l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, mais il reste absent de la France. Google avance des raisons liées à une "incertitude juridique" et des problématiques de "contexte" pour justifier cette situation. Il est intéressant de noter que le groupe précise que cette absence de déploiement n’est pas due aux règlementations comme le Digital Markets Act ou le Règlement général sur la protection des données, puisque d’autres pays européens ne rencontrent pas de problèmes comparables.
La société a exprimé son souhait de faire évoluer cette fonctionnalité en France, soulignant que la demande du public pour AI Overviews est forte. Pour Google, offrir cette option pourrait renforcer l’expérience utilisateur et possiblement augmenter le trafic vers les contenus des éditeurs.
Les conséquences pour les éditeurs
Cette montée en puissance de résumés automatisés soulève des interrogations parmi les éditeurs de presse. En effet, en présentant des synthèses de l’information directement dans les résultats de recherche, Google pourrait réduire le nombre de clics sur les articles originaux, impactant ainsi les revenus publicitaires des sites. De nombreux médias craignent que ce modèle d’information, centré sur l’utilisation massive des contenus générés par l’IA sans rémunération adéquate des créateurs, n’exacerbe la crise de l’industrie.
Il est également à considérer que l’IA ne remplace pas seulement le travail des journalistes, mais qu’elle transforme la manière dont l’information est consommée. Les lecteurs pourraient s’habituer à consommer des informations synthétisées, potentiellement au détriment d’une lecture approfondie et critique des articles d’origine, s’accompagnant d’une perte de nuances souvent présentes dans le journalisme de qualité.
On attend une régulation adaptée
Le malaise croissant conduit les acteurs de la presse à presser les autorités européennes à agir. Des discussions sont en cours pour réfléchir aux conséquences de telles pratiques sur le paysage médiatique. On parle d’une nécessité urgente de réglementation qui garantirait une juste compensation pour les contenus utilisés par des algorithmes d’IA.
Les éditeurs français, déjà en difficulté à cause de la digitalisation du secteur de l’information, voient dans la technologie de Google une nouvelle source de complexité et d’inquiétude. Ils préconisent une approche collaborative avec les géants du numérique pour éviter que l’outil d’IA ne soit uniquement un moyen d’accroître les bénéfices de Google, au détriment des professionnels de l’info.
Une compétition accrue et des opportunités
Il convient de noter que le développement des résumés par Google ne se limite pas à la simple extraction de contenu. Ces fonctionnalités pourraient également créer des opportunités pour de nouveaux formats de journalisme, où les journalistes pourraient s’appuyer sur l’IA pour produire des analyses encore plus riches.
En somme, le déploiement d’AI Overviews marque une étape importante dans l’évolution des moteurs de recherche, mais il pose des questions fondamentales sur la valeur de la création de l’information, son financement, et la préservation de la qualité journalistique à l’ère numérique. Les mois à venir détermineront comment le paysage médiatique français et européen saura s’adapter et tirer parti de ces nouvelles technologies.
