En 2024, les autorités iraniennes ont exécuté au moins 31 femmes, selon les données publiées par Iran Human Rights, une organisation non gouvernementale. Ce chiffre marque un record depuis le début de leurs recensements en 2008, surpassant le précédent plus élevé de 30 exécutions en 2013. En 2023, 22 femmes avaient déjà perdu la vie par ce moyen.
Mahmoud Amiry-Moghaddam, directeur d’Iran Human Rights, a souligné que ces exécutions révèlent la brutalité de la peine de mort en Iran, tout en mettant en lumière la discrimination et l’inégalité de genre profondément ancrées dans le système judiciaire iranien.
La même organisation, qui a son siège en Norvège, a enregistré un total de 241 femmes exécutées entre 2010 et 2024. Parmi elles, 114 ont été condamnées pour meurtre et 107 pour des infractions liées aux drogues. Beaucoup de ces femmes, comme l’indique le rapport, étaient des victimes de violences domestiques ou d’abus sexuels, souvent poussées à agir par désespoir.
La loi islamique du talion, ou qisas, en vigueur en Iran, stipule qu’un meurtre doit être réparé par la perte d’une autre vie, sauf si la famille de la victime choisit de pardonner ou d’accepter une compensation financière. Ce cadre légal ne prend que très rarement en compte les violences familiales comme une circonstance atténuante.
L’organisation mentionne le cas tragique de Zahra Esmaili, contrainte d’épouser son violeur, un fonctionnaire des renseignements, après une grossesse non désirée. Elle a été accusée d’avoir tué son mari violent en 2007. La famille de cet homme a exigé l’application de la loi du talion, et elle a été exécutée en 2021. Son avocat a révélé qu’elle avait subi une crise cardiaque après avoir assisté à l’exécution d’autres prisonniers avant la sienne.
Un autre cas notoire est celui de Reyhaneh Jabbari, une jeune femme de 26 ans, pendue en octobre 2014 après avoir été reconnue coupable du meurtre d’un ancien agent des services de renseignement, qu’elle accusait d’avoir tenté de l’agresser sexuellement. Elle a affirmé avoir été torturée pour obtenir de faux aveux. Sa famille a insisté pour son exécution, malgré ses déclarations de légitime défense. Son histoire a été le sujet d’un documentaire présenté lors d’un festival de film.
Les défenseurs des droits humains s’inquiètent de l’augmentation des exécutions en Iran et soupçonnent les autorités d’utiliser la peine capitale pour instaurer un climat de peur dans la société, surtout après les manifestations qui ont eu lieu entre 2022 et 2023.