mardi, avril 29, 2025

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Jouahri aspire à revitaliser le financement des TPME


Réduction du taux directeur : Un choix inattendu

Contrairement aux prédictions des analystes financiers récents, Bank Al-Maghrib a décidé de réduire pour la deuxième fois consécutive son taux directeur, le portant à 2,25%. Ce constat a été établi lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion trimestrielle du Conseil de la banque centrale, le 18 mars à Rabat. Cette baisse de 25 points de base est appuyée par une évaluation mise à jour des perspectives d’inflation ainsi que par l’analyse des tendances économiques. Si la lutte contre l’inflation reste au cœur de préoccupation de la banque, celle-ci cherche également à soutenir l’économie marocaine en favorisant les investissements et en stimulant la demande intérieure.

Dans un contexte de taux de chômage élevé, BAM s’attaque aussi à la problématique de l’emploi. L’institution a ainsi annoncé un nouveau programme destiné à faciliter le financement bancaire des très petites entreprises (TPE), en partenariat avec la Confédération générale des entreprises du Maroc et le Groupement professionnel des Banques du Maroc.

Facteurs influençant la réduction du taux directeur

Au cours de cette même conférence, le gouverneur de BAM, Abdellatif Jouahri, a mis en lumière plusieurs justifications pour cette décision. Premièrement, l’inflation a enregistré une chute notable en 2024, se stabilisant à 0,9% après un taux de 6,1% l’année précédente. Les prévisions pour 2025 et 2026 indiquent une stabilisation autour de 2%, même avec la persistance des ajustements graduels sur les prix des combustibles.

Deuxièmement, le gouvernement maintient un fort engagement en matière d’équilibre budgétaire. Après un déficit budgétaire en recul, la tendance devrait se poursuivre grâce à une programmation triennale solide, présentée au Fonds monétaire international lors de la demande de ligne de crédit modulable. La loi organique des finances vient renforcer cet engagement en vue de consolider la soutenabilité budgétaire.

Enfin, les réserves de change continuent de croître, pouvant atteindre 391,8 milliards de dirhams d’ici 2025 et 408 milliards en 2026. Cela traduit une couverture d’importations de biens et de services de près de cinq mois. De plus, le secteur des exportations pourrait bénéficier d’une baisse des prix pétroliers, facilitant ainsi une amélioration de la balance des paiements. La dynamique positive des recettes touristiques et les transferts des Marocains vivant à l’étranger contribuent également à ce regain de vigueur économique.

Soutien à l’économie par une politique monétaire accommodante

Jouahri a déclaré que ces paramètres, en particulier la préservation de la stabilité des prix, lui offrent la latitude nécessaire pour adopter une politique monétaire favorable à la croissance et à l’emploi. La Banque centrale assure l’accès à la liquidité pour les banques, garantissant ainsi un financement fluide pour les entreprises. Cet engagement envers une politique accommodante demeure crucial pour l’activité économique.

Rencontres inter-institutionnelles pour soutenir les TPE

En association avec la réduction du taux directeur, BAM a mis en place un programme de soutien au financement des TPE, en offrant un refinancement à un taux préférentiel. L’objectif principal de cette initiative est de faciliter l’accès au crédit pour ces entreprises, qui constituent 88% du tissu économique national, tout en renforçant leur impact sur la création d’emplois.

Une réunion récente avec les banques a mis en avant leur engagement envers les TPE. Un nouvel échange est prévu avec Tamwilcom pour amélioré les conditions de crédit et renforcer les garanties disponibles. Dans les mois à venir, BAM planifie également une rencontre avec la CGEM et le secteur bancaire pour identifier les obstacles au financement des TPE et développer des solutions concrètes, visant à booster l’écosystème productif.

Jouahri a de plus annoncé des ajustements au programme «Intelaka», afin de mieux correspondre aux réalités économiques actuelles et d’intensifier l’accompagnement des TPE tout au long de leur cycle de vie.

Encourager l’entrepreneuriat pour lutter contre le chômage

Le développement de l’entrepreneuriat est perçu comme un levier essentiel pour la réduction du chômage, en particulier chez les jeunes. Jouahri insiste sur l’importance d’améliorer la qualité de l’éducation et les programmes de formation professionnelle pour mieux préparer les jeunes au marché du travail et stimuler leur esprit entrepreneurial.

Relancer le crédit bancaire pour soutenir l’économie

Les initiatives mises en place devraient engendrer une accélération significative du crédit au secteur non financier, qui devrait atteindre 5,9% en 2025, puis stabilisé à 6% en 2026. Un premier signal de cette tendance a déjà été observé, avec une hausse de 4,1% des crédits en janvier 2025, ce qui indique que les besoins de financement des entreprises sont en forte croissance.

Progrès vers une monnaie digitale et inclusion financière

Simultanément, Bank Al-Maghrib continue d’explorer le potentiel de la monnaie digitale. Après avoir collaboré avec la Banque mondiale pour l’élaboration d’une législation sur les cryptoactifs, une équipe interne analyse les défis liés à une potentielle monnaie numérique émise par la banque centrale. Cette initiative, tout en visant à améliorer l’inclusion financière, doit être encadrée de méthodes juridiques efficaces pour éviter des répercussions négatives sur la stabilité financière. Des projets pilotes avec d’autres pays sont en cours pour évaluer l’impact.

Gestion des créances en souffrance et vigilance renforcée

L’alerte récente émise par Fitch Ratings concernant l’augmentation des créances en souffrance dans le secteur bancaire marocain a été relativisée par Jouahri. Alors que la montée de ces créances est préoccupante, d’autres agences ne partagent pas cette inquiétude. BAM surveille étroitement l’évolution de ces créances et a appelé les banques à la prudence quant à la distribution de dividendes.

Une approche proactive est adoptée, comprenant des stress tests pour évaluer la santé financière des établissements bancaires et garantir des pratiques prudentes.

Anticipation et riposte face aux directives européennes

La directive CRD 6 de l’Union européenne, qui entrera en vigueur prochainement, suscite des préoccupations, notamment concernant son impact sur les transferts des Marocains vivant à l’étranger. Jouahri souligne que cette directive pourrait limiter le rôle des banques marocaines dans ces transactions. Une task force a été formée pour évaluer les risques associés et trouver des solutions adaptées, en préservant la continuité des opérations bancaires avec les MRE.

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