Des micros-trottoirs pour défendre un géant de la fast-fashion
Magali Berdah, autrefois connue comme la « papesse des influenceurs », fait parler d’elle ces derniers jours en s’adonnant à des micros-trottoirs pour soutenir la marque chinoise Shein. Alors que le débat autour d’une proposition de loi anti fast-fashion bat son plein, cette démarche suscite de vives réactions sur les réseaux sociaux.
Une campagne controversée
La situation se complique alors que le gouvernement et les commerçants s’inquiètent de l’essor des plateformes de vente en ligne basées en Chine. À l’approche de l’examen au Sénat d’une loi visant à réguler la fast-fashion, Magali Berdah a décidé de partager sur ses comptes une série de vidéos dans lesquelles elle se positionne en tant que journaliste, interrogeant les citoyens sur leurs habitudes d’achat.
Dans ses vidéos, elle pose des questions telles que : « Si les prix augmentent de 10 euros, serez-vous dissuadés d’acheter ? » ou encore « Saviez-vous que 60 % des Français n’ont que 200 euros par an pour se vêtir ? N’ont-ils pas aussi le droit à la mode ? » Ces interrogations, bien que percutantes, semblent viser à minimiser l’impact de la proposition de loi sur la fast-fashion.
Une mise en scène biaisée
En se présentant comme une journaliste en quête de vérités, Berdah dissimule un partenariat financier avec Shein, signalé à chaque fois dans la description des vidéos comme une « collaboration commerciale ». Ce choix de communication soulève des interrogations quant à l’authenticité de sa démarche.
Des réactions virulentes face à la défense de la fast-fashion
Au cœur de cette controverse, des figures médiatiques, comme le journaliste engagé Hugo Clément, n’ont pas tardé à réagir. Clément a exprimé son indignation face à ce qu’il considère comme une tentative de manipulation de l’opinion publique, en arguant que Berdah, devenue « reporter de terrain », néglige totalement la question environnementale au profit d’intérêts commerciaux.
La critique ne s’est pas limitée aux journalistes. Les internautes, quant à eux, se sont montrés particulièrement virulents face à Berdah, multipliant les commentaires désapprobateurs tels que « Honte à vous ! » ou « vendre son âme au diable ». Des influenceurs de renom se sont également manifestés, appelant à boycotter la fast-fashion via des hashtags comme #boycottfastfashion.
Les enjeux de la fast-fashion en question
La proposition de loi, portée par la députée Horizons Anne-Cécile Violland, vise à imposer une taxe écologique aux marques de fast-fashion. Cette contribution pourrait atteindre jusqu’à 10 euros par produit d’ici 2030, avec un premier palier de 5 euros dès cette année. Berdah souligne que cette taxe rendra la mode moins accessible, mais elle ne semble pas aborder les problématiques désastreuses liées à l’impact environnemental de l’industrie textile.
Un passé trouble pour Magali Berdah
Avec un passé controversé, Magali Berdah dispose d’une notoriété qui est loin d’être pure. En 2019, elle a été condamnée pour abus de faiblesse sur un homme âgé, tandis qu’en 2024, son entreprise avait été placée en redressement judiciaire. Ses actions et son partenariat avec Shein soulèvent des doutes sur l’intégrité de sa démarche, notamment à une époque où la fast-fashion est de plus en plus critiquée pour ses pratiques souvent abusives et son empreinte carbone massive.
En 2024, Shein a émis pas moins de 16,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone, sans compter les accusations de conditions de travail déplorables dans ses ateliers. La stratégie de Berdah, destinée à influencer l’opinion publique en faveur de la marque, ne convainc pas tous les internautes, nombreux à rappeler l’importance de prendre des responsabilités en tant qu’influenceur.
Un impact sur l’opinion publique
Cette campagne semble avoir un double objectif : contrer les effets de la loi en cours et banaliser la fast-fashion auprès d’un public de plus en plus conscient des enjeux environnementaux. La défense de Shein, à travers des arguments centrés sur le pouvoir d’achat, ne résonne pas hors du cadre commercial. Les critiques abondent, rappelant que défendre une telle marque à l’heure actuelle, c’est ignorer les fondements d’un changement nécessaire pour l’environnement et la société.
Le débat sur la fast-fashion est donc plus que jamais d’actualité, et les actions de Magali Berdah témoignent d’une situation complexe, où l’éthique et les intérêts financiers s’affrontent. Les utilisateurs des réseaux sociaux continueront sans doute à faire entendre leur voix sur ce sujet sensible, dans un contexte où la consommation responsable devient un impératif social. Les effets de cette polémique devraient également influer sur la législation à venir, marquant une étape cruciale pour l’avenir de l’industrie textile.