La nouvelle réglementation de l’ONDA suscite une controverse chez les loueurs de voitures au Maroc
Une récente décision de l’Office National des Aéroports (ONDA) a déclenché un vif débat parmi les professionnels de la location de voitures au Maroc. Selon cette nouvelle directive, seules les agences ayant un contrat direct avec l’ONDA et disposant d’un espace commercial au sein des aéroports auront le droit de livrer des véhicules aux clients. Cette mesure a été perçue comme une menace sérieuse pour la survie des petites entreprises du secteur, tant par la Fédération des agences de location de voitures au Maroc (FALAM) que par d’autres acteurs du marché.
Jusqu’à cette annonce, un large éventail d’agences, qu’elles soient multinationales ou locales, pouvait livrer des véhicules à l’aéroport en fonction des réservations effectuées. Cela offrait une flexibilité appréciée par les voyageurs, leur permettant de choisir parmi une variété de services compétitifs. Toutefois, cette souplesse a pris fin avec la nouvelle réglementation de l’ONDA, qui restreint désormais l’accès au service de livraison de véhicules à une liste d’agences prédéfinies, où dominent les grandes marques.
Les petites agences face à une concurrence déloyale
L’un des principaux points de discorde réside dans l’obligation d’avoir un local commercial à l’intérieur des aéroports pour pouvoir y livrer des véhicules. Malheureusement, ces espaces sont souvent inabordables pour les petites agences. Selon des estimations fournies par la FALAM, le coût d’un local dans un aéroport marocain peut varier autour de 3 millions de dirhams, un montant que de nombreuses petites entreprises ne peuvent raisonnablement envisager de débourser.
Abdellah Achnan, président de la FALAM, a partagé son inquiétude : « Cette réglementation met en péril de nombreuses agences locales qui ne seront plus en mesure de rivaliser avec les multinationales. Elle engendre un déséquilibre du marché, nuisible à la concurrence et réduisant les options pour les consommateurs. » Cette nouvelle situation a déjà eu des conséquences observables sur plusieurs entreprises, laissant ainsi les voyageurs potentiels avec une offre limitée, qui pourrait également voir ses prix augmenter.
La digitalisation comme solution pour rétablir l’équilibre
Face à cette crise, la FALAM a appelé les autorités à intervenir pour rétablir l’équilibre sur le marché. Une des solutions proposées est la mise en place d’une plateforme numérique centralisée. Celle-ci permettrait à toutes les agences, qu’elles soient agréées ou non, de fonctionner de manière régulée et équitable. Les professionnels du secteur estiment que ce système numérique garantirait non seulement une concurrence saine, mais offrirait aussi aux clients un service sécurisé et bien encadré, tout en améliorant l’organisation interne du secteur.
Appel à des actions gouvernementales rapides
Dans une lettre adressée au ministre des Transports et de la Logistique, la FALAM a exprimé l’urgence d’une révision des réglementations actuelles pour éviter que les petites agences ne soient écartées du marché. L’organisation a plaidé en faveur d’un dialogue entre les autorités, l’ONDA et les agences de location de voitures afin de concevoir des solutions adaptées qui permettraient un accès équitable et juste aux opportunités économiques.
En attendant une réponse officielle, l’accès aux installations aéroportuaires demeure drastiquement limité pour les agences non accréditées. À l’aéroport Mohammed V de Casablanca, en particulier, les restrictions se sont intensifiées, rendant pratiquement impossible l’activité sans autorisation spéciale, et consolidant ainsi la position des grands opérateurs déjà présents.
De nombreux professionnels s’inquiètent de l’impact de cette situation sur la diversité et l’équité du marché. Ils craignent que l’avenir de leurs entreprises soit compromis et espèrent que des mesures appropriées seront adoptées rapidement pour maintenir un environnement concurrentiel où les petites agences peuvent continuer à offrir des services aux voyageurs.