La situation de la **livre** britannique
La **livre** s’est nettement dépréciée, affectée par des inquiétudes concernant la capacité du gouvernement britannique à gérer sa dette publique ainsi que par les menaces de Donald Trump d’introduire des droits de douane supplémentaires. Aux alentours de 10h40 GMT (11h40 à Paris), la **livre** perdait 0,81 % de sa valeur par rapport au dollar américain, s’évaluant à 1,2263 dollar, après avoir atteint un niveau bas de 1,2239 dollar, le plus faible depuis novembre 2023. En même temps, la **livre** chutait de 0,65 % par rapport à l’euro, s’établissant à 84,01 pence pour un euro.
Analyse des tendances sur le marché
Selon Lee Hardman, analyste chez MUFG, « la faiblesse de la **livre** reflète un plus grand malaise des investisseurs » concernant la situation sur le marché des « gilts », c’est-à-dire des bons du Trésor britanniques. Jeudi, le taux d’emprunt des obligations britanniques à 30 ans a atteint un niveau record depuis juillet 1998, tandis que les rendements des obligations à 10 ans sont parmi les plus élevés depuis juillet 2008. En général, une hausse des rendements obligataires aurait tendance à renforcer une devise en attirant les investisseurs. Toutefois, cela n’est pas le cas actuellement. En effet, la montée des coûts d’emprunt au Royaume-Uni « suggère un manque de confiance dans la capacité » du gouvernement travailliste à soutenir la croissance économique et à maîtriser la dette nationale, comme le résume Kathleen Brooks d’XTB.
Un dollar de plus en plus fort
Les travaillistes rencontrent des difficultés à établir un dialogue efficace avec le monde des affaires au Royaume-Uni depuis leur retour au pouvoir en juillet 2024. Cette situation « suscite des comparaisons » avec la chute précédente de la **livre** et l’augmentation rapide des taux d’emprunt qui ont suivi les annonces de dépenses massives et non financées de l’ancienne Première ministre Liz Truss en septembre 2022, note Lee Hardman. De plus, la **livre** est également affaiblie par la force du dollar américain. Ipek Ozkardeskaya de Swissquote Bank souligne que cela est en partie dû aux « craintes que la présidence de Donald Trump n’entraîne une hausse de l’inflation aux États-Unis », ce qui retarde l’assouplissement des taux d’intérêt de la Réserve fédérale.
Mercredi, des informations circulant sur CNN indiquaient que le président élu, dont l’investiture est prévue le 20 janvier, envisageait de déclarer une urgence économique nationale. Cette déclaration pourrait lui fournir les bases légales nécessaires pour imposer rapidement des droits de douane sur les produits entrant aux États-Unis. En outre, lors de leur dernière réunion, publiée mercredi, plusieurs responsables de la Réserve fédérale ont exprimé des inquiétudes quant à une baisse plus lente que prévu des prix, ce qui pourrait éloigner la perspective d’une nouvelle réduction des taux d’intérêt en janvier.