L’Algérie au Conseil de sécurité de l’ONU : Entre ambitions et défis
Depuis le 1er janvier 2025, l’Algérie a pris les rênes de la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, une situation qui lui offre une chance unique de rehausser son image sur la scène internationale. Cette élection, qui a eu lieu sans compétition, place le pays en compagnie de nations telles que la Guyane et la République de Corée. Toutefois, cette montée en puissance ne se fait pas sans obstacles, alors que les relations avec certains États sahélo-sahariens se détériorent.
Un contexte géopolitique complexe
À cette occasion, l’Algérie ambitionne de revendiquer un rôle actif dans la défense des intérêts africains, de soutenir la cause palestinienne et de lutter contre le financement du terrorisme. Elle aspire également à obtenir deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité. Ce contexte d’accès à des plateformes internationales est marqué par des crises mondiales, comme le conflit entre l’OTAN et la Russie, et la guerre entre Israël et le Hamas. Ces tensions internationales rehaussent d’autant plus la position algérienne sur l’échiquier diplomatique mondial.
Les experts en politiques internationales, tels que ceux du Policy Center for the New South, notent que l’Algérie cherche à récupérer un « prestige perdu » en se positionnant comme un médiateur régional dans différents conflits en Afrique. Cependant, bien que l’Algérie affiche une volonté de jouer un rôle de leadership, les résultats concrets sont pour l’heure peu probants.
L’Algérie face à des défis régionaux
Malgré un certain rayonnement, le pays se heurte à des critiques ouvertes de plusieurs voisins, notamment du président du Mali, qui remet en question sa politique régionale. Des accusations d’expulsions massives de migrants par l’Algérie ont également été formulées par le Niger, aggravant les tensions dans la région. Ce climat tendu complique encore plus les ambitions d’influence de l’Algérie.
Par ailleurs, la position algérienne sur la question du Sahara occidental demeure un point de friction majeur et constitue un axe central de sa politique étrangère. L’intérêt manifeste de l’Algérie de contrecarrer les initiatives marocaines liées à l’autonomie du Sahara engendre des inquiétudes au sein de la population marocaine, qui s’interroge sur les implications de la présence algérienne au Conseil de sécurité.
Inquiétudes concernant l’influence algérienne
De nombreux analystes craignent que l’entrée de l’Algérie au sein du Conseil de sécurité n’altère les dynamiques décisionnelles, surtout en ce qui concerne les résolutions sur le Sahara. L’Algerie semble vouloir manipuler son mandat pour influencer le processus onusien à son avantage. La radicalisation de sa position sur cette question, conjuguée à l’absence de dialogue avec le Maroc, alimente ces angoisses.
En parallèle, l’Algérie a établi des liens entre la question palestinienne et celle du Sahara, renforçant ainsi les craintes quant à son intention d’instrumentaliser son rôle au sein du Conseil pour des objectifs géopolitiques. En 2024, malgré avoir voté en faveur d’un grand nombre de résolutions, elle a choisi de boycotter celle concernant le Sahara, mettant en avant un mécontentement face au rejet de ses amendements visant à élargir le mandat de la MINURSO pour inclure les droits de l’homme.
Le combat contre le terrorisme, une carte à jouer
Un autre axe stratégique de l’Algérie est sa lutte contre le terrorisme, dont elle se prévaut pour illustrer ses efforts durant la décennie noire. Le chef d’État-major de l’armée, Said Chengriha, insiste sur le fait que le pays a surmonté cette menace sans aucun soutien extérieur, transformant le combat en un atout diplomatique. Bien que le Conseil de sécurité n’ait pas encore reconnu formellement son initiative contre le terrorisme, l’Algérie a su utiliser sa présidence du Comité contre le terrorisme pour promouvoir ses « principes directeurs ». Cela témoigne de sa volonté de s’imposer comme un acteur clé tout en renforçant ses capacités diplomatiques.
Un avenir incertain
À l’aube de cette nouvelle ère, l’Algérie se trouve dans la position délicate de tenter de redéfinir son rôle sur la scène internationale tout en devant gérer les tensions systémiques qui persistent avec plusieurs pays de la région. Si son ambition de retrouver une place de choix parmi les grands acteurs mondiaux est manifeste, les défis à relever sont d’une ampleur considérable. Les mois à venir seront cruciaux pour voir si l’Algérie parviendra à naviguer dans ce paysage complexe sans compromettre ses intérêts nationaux et régionaux.