La décision du Conseil d’État sur C8 et NRJ12
C8 et NRJ12 voient leur histoire sur la TNT prendre fin le 28 février à 23h59. Cette annonce est le résultat d’une décision rendue par le Conseil d’État, qui a tranché après plusieurs mois de controverses et d’incertitudes. Lors d’une audience cruciale, le rapporteur public, Florian Roussel, a plaidé en faveur du rejet des recours déposés par ces chaînes appartenant aux groupes Canal+ et NRJ. Avec une argumentation aiguisée, il a qualifié les réclamations de ces chaînes de « fiction », soulignant que leur demande manquait de fondement solide.
L’analyse des arguments
Le Conseil d’État a minutieusement examiné l’argumentaire présenté par les chaînes, validant ainsi l’évaluation de l’Arcom, l’autorité de régulation de l’audiovisuel. Cette autorité avait justifié l’éviction de C8 et NRJ12 en faveur de deux nouveaux entrants : T18, soutenue par l’homme d’affaires Daniel Kretinsky, et OFTV, affiliée au groupe Ouest France. Le rapporteur public a déclaré que l’Arcom « n’a pas commis d’erreur d’appréciation » dans sa décision.
Une procédure rigoureuse
La complexité de cette affaire se reflète dans le processus judiciaire. La section du contentieux du Conseil d’État, qui se penche habituellement sur peu d’affaires, a examiné ce dossier en profondeur. Quinze juges expérimentés ont été impliqués, analysant pas moins de 1 800 pages pour C8 et 1 700 pour NRJ12. Ce niveau d’attention témoigne de l’importance de cette décision tant sur le plan économique que culturel.
La défense des chaînes
C8, représentée par le célèbre animateur Cyril Hanouna, et NRJ12 ont tout mis en œuvre pour faire valoir leurs arguments. L’avocat de NRJ Group, Maître François Molinié, a souligné l’historique de la chaîne comme « une très bonne élève » et a insisté sur sa rentabilité depuis deux décennies. De son côté, l’avocat de C8, Maître Piwnica, a contesté l’éviction de la chaîne en soutenant que cela représentait une erreur tant économique que sociale, mettant en avant l’importance du pluralisme dans les médias.
Réactions à la décision
La réaction du groupe Canal+ à cette annonce a été immédiate et véhémente. Il a dénoncé la décision comme « inédite », arguant que C8, qui fait partie intégrante du paysage audiovisuel depuis près de 20 ans, a toujours dominé les audiences de la TNT, avec des millions de téléspectateurs quotidiens. Canal+ a également exprimé de vives préoccupations concernant l’impact de cette décision sur les 400 employés et prestataires de la chaîne, dont beaucoup se retrouvent dans une situation instable, avec des emplois menacés.
Conséquences pour le paysage médiatique
Au-delà de la suppression des deux chaînes, le Conseil d’État a pointé du doigt la nécessité d’une réflexion plus large. Face à la décision de Canal+ de se retirer, l’Arcom a été chargée d’évaluer de manière urgente l’impact de cette éviction. Il a été demandé à l’autorité de mener une nouvelle procédure de consultation publique pour déterminer s’il serait opportun d’ouvrir un nouvel appel à candidatures afin de redistribuer les fréquences désormais vacantes.
Cette situation soulève des questions quant à l’évolution future de la TNT, un service de télévision numérique terrestre qui joue un rôle clé dans l’accès à l’information et au divertissement. Les décisions prises aujourd’hui pourraient façonner la manière dont les téléspectateurs interagiront avec leur contenu audiovisuel dans les années à venir.