Un départ controversé
Carlos Tavares, ancien dirigeant de Stellantis, a quitté ses fonctions en décembre dernier, mais son départ suscite déjà des remous parmi les actionnaires. Sa rémunération, qui s’élève à plus de 30 millions d’euros, cristallise les mécontentements, surtout en raison des résultats financiers décevants de l’entreprise. Ce sujet sera au cœur des débats lors de l’assemblée générale des actionnaires prévue le mardi prochain.
Dans un communiqué, Allianz GI, un gestionnaire d’actifs, a exprimé son indignation face à ce montant. La proposition de 23,1 millions d’euros de rémunération pour Tavares paraît excessive à la lumière des performances complaisantes de l’entreprise et des conditions ayant conduit à son renvoi. En effet, entre le début de l’année 2024 et la date de son départ, les actions de Stellantis ont chuté de 45%, démontrant une crise significative.
Les détails de la rémunération
La somme controversée inclut un salaire fixe de 2 millions d’euros, complété par des rémunérations différées de 20,5 millions d’euros, versées dans le cadre d’un plan de performance à long terme. Étonnamment, aucun bonus lié aux résultats de l’exercice 2024 n’a été attribué à Tavares. De plus, il est prévu qu’il perçoive 12 millions d’euros supplémentaires en indemnités de départ et en bonus liés à des objectifs de transformation à long terme en 2025. Allianz GI a fait savoir qu’il a régulièrement voté contre les packages de rémunération jugés excessifs, soulignant un déséquilibre entre les salaires des dirigeants et les performances de l’entreprise.
Des rémunérations qui font débat
La question des rémunérations des dirigeants de Stellantis ne date pas d’hier. L’année dernière, un montant total pouvant atteindre 36,5 millions d’euros avait déjà provoqué une vive polémique. Lors d’un passage dans l’usine de Trémery, Tavares avait défendu sa rémunération en déclarant que 90 % de celle-ci était basée sur les résultats financiers, insinuant qu’ils n’étaient pas aussi mauvais que certains le disaient. Il avait même suggéré que ceux qui trouvaient cette rémunération inacceptable devaient proposer une modification législative pour changer la situation.
Cependant, les résultats financiers de 2024 étant particulièrement préoccupants, ce débat se renforce. Il est important de noter que Stellantis étant une entreprise néerlandaise, le vote des actionnaires concernant les rémunérations des dirigeants est consultatif et n’a pas de force contraignante.
Une histoire de salaires contestés
La rémunération du dirigeant a toujours été marquée par des critiques. Manuel Valls, ancien Premier ministre, avait déjà qualifié son salaire de « décalé par rapport à la réalité » en 2016. En 2014, son salaire était de 2,75 millions d’euros, et en 2015, il était monté à 5,24 millions d’euros, un montant faible comparé aux chiffres récents. La polémique concernant sa rémunération n’a cessé de s’exacerber, tout comme l’augmentation de son salaire. En 2022, Emmanuel Macron avait jugé son salaire « choquant et excessif », qualifiant son envergure salariale d’ « astronomique ».
Les impacts sur les relations avec les actionnaires
Ces débats autour des rémunérations des dirigeants ne sous-estiment pas l’impact sur les relations avec les actionnaires. En effet, la satisfaction des actionnaires est cruciale pour la stabilité et la performance de l’entreprise. L’ampleur de la rémunération, couplée aux résultats décevants, pourrait sérieusement nuire à la confiance des investisseurs envers la direction actuelle. Cette situation souligne la nécessité d’un alignement clair entre les intérêts des dirigeants et les performances de l’entreprise.
En somme, alors que les actions de Stellantis continuent de baisser, la question des rémunérations de ses dirigeants, en particulier celle de Carlos Tavares, demeure un sujet de tension qui ne semble pas prêt de s’apaiser. Les discussions lors de l’assemblée générale des actionnaires apporteront sans doute de nouveaux éclaircissements sur cette question brûlante. L’avenir de Stellantis dépendra peut-être de la capacité de ses dirigeants à allier performances économiques et rémunérations justes.