Une tendance inquiétante pour les investissements à l’échelle mondiale
Les investissements directs étrangers (IDE) ont connu une nouvelle contraction en 2024, enregistrant une chute de 11 %, pour atteindre 1.493 milliards de dollars. Ce phénomène, déjà observé l’année précédente, s’explique par un contexte international marqué par des conflits géopolitiques, des tensions commerciales et une incertitude économique grandissante. Bien qu’il y ait eu une augmentation apparente des flux à 1.500 milliards de dollars, cette élévation est en grande partie due à des mouvements de capitaux spéculatifs dans certaines économies européennes, rendant ainsi l’analyse plus complexe.
Dans ce climat incertain, l’évolution des investissements varie considérablement d’une région à l’autre. Les pays développés ont enregistré une baisse sévère de 22 %, l’Europe étant la plus touchée avec une chute de 58 %. En revanche, l’Amérique du Nord a tiré son épingle du jeu, affichant une hausse de 23 %, principalement grâce à la performance des États-Unis. Sur le continent africain, les chiffres sont plus encourageants avec une explosion de 75 % des IDE, atteignant 97 milliards de dollars, bien que cette croissance soit en grande partie due à un unique mégaprojet en Égypte.
Le Maroc se distingue dans un cadre régional
Dans ce contexte, le Maroc montre des signes encourageants de reprise. Après une chute significative de ses IDE en 2023, qui ont plongé à seulement 1,055 milliard de dollars, le royaume a connu un rebond en 2024, enregistrant 1,64 milliard de dollars, soit une augmentation de 55 %. Cela lui permet de revendiquer la deuxième place en Afrique du Nord, juste derrière l’Égypte, qui atteint des niveaux impressionnants grâce à des projets ambitieux.
L’Égypte, par exemple, a vu ses IDE totaliser 46,6 milliards de dollars en 2024, attribués en grande partie au développement urbain de Ras El-Hekma. Bien que cette situation semble exceptionnelle, elle traduit un intérêt croissant pour le pays.
Néanmoins, à l’échelle du continent africain, la position du Maroc est moins enviable, puisque le pays ne figure pas parmi les dix premières destinations d’investissements. Ses projets récents, notamment dans la production d’ammoniac vert et de carburants synthétiques, signalent une tendance positive, soutenue par des financements en provenance de Chine, de France, des Émirats Arabes Unis et du Royaume-Uni.
Un paysage d’investissement en mutation
En 2024, le Maroc a également réalisé plusieurs projets d’infrastructures dans le secteur de la construction, renforçant ainsi sa position dans les segments à fort potentiel de croissance. Avec un stock d’IDE s’élevant à 61,5 milliards de dollars, il se classe quatrième en Afrique, derrière l’Égypte, l’Afrique du Sud et le Nigeria.
Le rapport met en lumière que les investisseurs en Europe détiennent le volume le plus important d’IDE en Afrique, suivis par leurs homologues américains et chinois. Les investissements chinois, en particulier, se diversifient dans des secteurs comme l’industrie pharmaceutique et l’agroalimentaire, montrant une volonté croissante d’orienter le capital vers les infrastructures sociales et les énergies renouvelables, via l’initiative « Belt and Road ».
Les défis de l’investissement global
Au niveau mondial, les investissements dans les secteurs cruciaux pour le développement ont également baissé. Le financement des projets essentiels, en particulier dans les infrastructures, a chuté de 26 % en 2024. Les domaines clés tels que les énergies renouvelables, les transports et l’eau ont enregistré des baisses respectives de 31 %, 32 % et 30 %, soulevant des préoccupations quant à l’avenir de ces secteurs critiques.
Rebeca Grynspan, secrétaire générale de l’ONU Commerce et Développement, a mis en exergue le besoin de réformer le système d’investissement afin d’acheminer les capitaux vers les économies qui en ont réellement besoin, plutôt que vers les destinations les plus faciles d’accès. Elle a insisté sur l’importance d’aligner les investissements publics et privés sur les objectifs de développement, afin de créer un climat d’investissement stable et prévisible.
Promouvoir l’économie numérique
Le rapport souligne également la dynamique persistante de l’économie numérique, qui a connu une augmentation des IDE de 14 % à l’échelle mondiale en 2024. Toutefois, cette croissance est inégalement répartie, avec seulement dix pays capturant 80 % des nouveaux projets. De nombreuses économies en développement demeurent à l’écart de cette croissance en raison de lacunes infrastructurelles, de manque de compétences et de problèmes de gouvernance.
Pour remédier à cette situation, la Cnuced appelle à des réformes audacieuses dans divers domaines, notamment la gouvernance des données, le développement des infrastructures, et la promotion d’investissements responsables. Ces actions permettront à un plus large éventail de pays de tirer parti des avantages de la transition numérique, contribuant ainsi à un avenir économique plus inclusif et durable.