La Complexité de la Transition Syrienne sous Ahmed al-Shara
L’administration syrienne de transition, dirigée par Ahmed al-Shara, se heurte à des défis sécuritaires majeurs dans sa tentative de contrôler l’ensemble du territoire syrien. En particulier, la province de Lattaquié est le théâtre de tensions dues à la présence de groupes armés fidèles à l’ancien régime.
Lattaquié : Un Fief Alawite en Péril
Lattaquié, bastion de la minorité alawite, est historiquement liée à la famille Assad, qui a exercé un pouvoir autoritaire sur la Syrie pendant plus de cinquante ans. Les alawites, représentant environ 9% de la population syrienne, ont occupé des postes clés dans les forces militaires et de sécurité durant le régime précédent, utilisant des méthodes de répression pour étouffer toute forme d’opposition.
Depuis la chute de Bashar al-Assad, cette région a connu une montée des tensions, exacerbées par des opérations de sécurité menées par les nouvelles autorités et des incidents répétés de kidnapping et de tir, alimentant les craintes d’une vengeance ciblée contre les alawites.
Un Conflit Qui Se Poursuit
Bien que les tensions aient légèrement diminué ces derniers temps, des attaques sporadiques continuent de viser des barrages de sécurité, orchestrées parfois par des anciens membres des forces armées fidèles à Assad, comme le souligne le Observatoire syrien des droits de l’homme. La région abrite encore de nombreux soutiens du régime, dont d’anciens militaires qui conservent leurs armes, ainsi que des fonctionnaires qui ont été licenciés par le nouveau pouvoir.
Les affrontements récents dans cette zone mettent en lumière la vulnérabilité du gouvernement en place, capable de gérer les groupes armés uniquement par la force. Ce phénomène est exacerbé par la présence de factions jihadistes qui voient les alawites comme des ennemis. Les villages alawites, peuplés de civils et d’anciens militaires, sont devenus des zones de danger permanent.
Les Réactions de l’Administration de Transition
Dès son accession au pouvoir, Ahmed al-Shara a cherché à rassurer les minorités en appelant la communauté internationale à favoriser une gestion inclusive de la transition, tout en insistant sur la nécessité pour ses troupes de faire preuve de retenue pour éviter tout dérapage sectaire. Pourtant, ces appels à la modération ne semblent pas trouver un écho favorable parmi les différentes factions sous son commandement, qui forment actuellement l’armée et la police syrienne.
Les Défis dans le Nord-Est
Dans le nord-est de la Syrie, la présence des combattants kurdes constitue un défi supplémentaire pour cette administration. Ces derniers tiennent à préserver les acquis de leur autonomie, mise en place durant les années de conflit, et refusent de se dissoudre dans les nouvelles forces armées. Les Forces démocratiques syriennes, soutenues par les États-Unis, contrôlent d’importantes régions riches en ressources, cruciales pour le gouvernement de Damas.
Pour l’instant, les négociations entre les deux camps n’ont pas abouti, avec les Kurdes insistant sur leur maintien en tant qu’entité militaire, en échange de concessions de la part de Damas. La présence continue des troupes américaines dans la région constitue également un facteur stabilisant pour les forces kurdes.
Une Population Divisée
Les Arabes, représentant plus de 60 % de la population des zones autonomes, aspirent à se libérer de la domination kurde, surtout après l’arrivée d’al-Shara au pouvoir. Parallèlement, la situation des Druzes, assemblés principalement dans la province de Sweida au sud, est préoccupante. Bien que cette communauté ait largement évité l’engagement direct dans le conflit, elle s’inquiète des tensions croissantes, exacerbées par des provocations extérieures, comme en témoignent les récentes déclarations israéliennes.
Les dirigeants druzes ont clairement exprimé leur volonté de maintenir l’unité de la Syrie, opposant toute tentative de manipulation de leur communauté. Ce climat de tensions et d’incertitude, intensifié par l’intervention étrangère, continue de mettre à l’épreuve la stabilité de la région et l’efficacité du nouveau régime.