Évaluation et Impact du Sacrifice de l’Aïd : Analyse d’un Rapport Économique
Un Appel à l’Évaluation du Cheptel et du Soutien aux Éleveurs
Un rapport émanant du Centre de prospective économique et sociale a mis en lumière la nécessité de réaliser une évaluation détaillée du cheptel national et des petits éleveurs, suite à la décision controversée de suspendre l’abattage ritualisé pendant la saison actuelle. Ce rapport appelle à la formation d’une commission gouvernementale responsable de la surveillance hebdomadaire des prix de la viande et des fourrages. L’objectif est de garantir une intervention, soit par le biais de subventions, soit par un contrôle tarifaire, en cas de dépassement d’un seuil de 120 dirhams par kilogramme.
Soutiens Financiers pour les Éleveurs et Secteurs Connexes
Intitulé « Renoncer au sacrifice de l’Aïd 2025 : alléger les charges sociales et libérer la stabilité économique », le rapport souligne l’importance d’octroyer des subventions financières directes aux petits éleveurs. Ceux-ci devraient recevoir ce soutien pour atténuer les impacts négatifs de cette suspension et stimuler leur activité d’élevage. Bien que certains secteurs comme l’industrie du cuir ne soient pas directement affectés, il reste crucial d’étudier des compensations pour préserver leur activité.
Pour alléger les coûts de production, le rapport propose une réduction de 20 % sur les prix des aliments pour bétail subventionnés. Cette initiative vise à encourager les éleveurs à poursuivre leurs opérations en maintenant une production durable.
Amélioration de la Productivité et Restructuration du Cheptel
Dans un souci de soutien à la production nationale, le rapport recommande d’allouer un budget pour des programmes axés sur l’insémination artificielle et l’amélioration des races. Cette stratégie devrait permettre une augmentation de la productivité de 20 à 25 % dans un délai de trois ans. Par ailleurs, la création de fermes modèles utilisant des technologies économes en eau est envisagée, avec un objectif ambitieux d’ajouter un million de têtes au cheptel d’ici 2027.
Assurer la Sécurité Alimentaire et le Contrôle des Prix
Le rapport insiste également sur la mise en place d’un stock stratégique de viande congelée, d’un minimum de 50 000 tonnes. Cette mesure vise à stabiliser les prix en cas de fluctuations de l’offre, tout en redéfinissant les politiques agricoles pour privilégier l’augmentation de la production nationale plutôt que de recourir aux importations, lesquelles exacerbent les crises.
Pour renforcer le contrôle du marché, la nécessité d’une surveillance stricte des prix est présentée, en préconisant la création d’une commission chargée d’évaluer régulièrement ces tarifs, avec la possibilité d’interventions si nécessaire.
Impacts Économiques et Répercussions sur les Ménages
La suspension du sacrifice de l’Aïd est considérée comme une mesure stratégique pour sauvegarder le cheptel national, notamment face aux défis de la sécheresse et de la diminution des effectifs d’animaux. Cependant, il est impératif que le gouvernement mette en place des actions rapides et efficaces pour soutenir les acteurs affectés, réduire les pertes pour les éleveurs, et garantir un prix abordable pour la viande.
Au niveau économique, il est estimé que cette mesure pourrait libérer jusqu’à 20 milliards de dirhams, renforçant ainsi la capacité financière des ménages marocains. Étant donné qu’un sacrifice coûte en moyenne 4 000 dirhams, cette dépense représente un fardeau considérable pour les familles à faible revenu, qui constituent 40 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
En annulant ce sacrifice, environ 50 % de ces dépenses (soit 10 milliards de dirhams) pourraient être redirigées vers la consommation d’autres produits, tels que l’alimentation, les vêtements et les équipements, tandis que le montant restant pourrait être affecté à des économies ou au remboursement de dettes, améliorant ainsi la stabilité financière des ménages.
Conséquences pour les Éleveurs et les Perspectives Futuristes
Les éleveurs, quant à eux, anticipaient des revenus de 18,8 milliards de dirhams avant l’annulation, liés à la vente de 4,7 millions de têtes à un prix unitaire de 4 000 dirhams. En tenant compte des coûts de production, qui s’élèvent à 3 000 dirhams par tête, les bénéfices nets seraient de 1 000 dirhams par animal, représentant un revenu total d’environ 4,7 milliards de dirhams pour l’ensemble des éleveurs.
Ainsi, la réflexion portée dans ce rapport se veut une invitation à une action concertée pour redéfinir des stratégies qui soutiennent à la fois l’économie et la durabilité du cheptel national.
