Des prix à la consommation en chute libre en Chine
En février, la Chine a enregistré sa première baisse des prix à la consommation en un an, un signal inquiétant au moment où le pays s’efforce de redynamiser sa deuxième économie mondiale tout en naviguant à travers un conflit commercial avec les États-Unis. Les données récemment publiées indiquent que les dépenses des consommateurs chinois restent préoccupantes, témoignant d’une certaine atonie depuis la fin de la pandémie de Covid-19. Ce climat économique pourrait bien laisser présager une spirale déflationniste. L’indice des prix à la consommation a chuté de 0,7 % par rapport à l’année précédente, un chiffre alarmant selon les estimations du Bureau national des statistiques.
Cela représente la première baisse des prix observée depuis janvier 2024, lorsque ceux-ci avaient enregistré une contraction de 0,8 % sur un an, marquant ainsi leur plus forte diminution en 14 ans. Cet indicateur crucial, révélateur de l’activité économique et du moral des ménages, a surpris les économistes qui anticipaient une légère baisse de 0,4 %. En janvier, l’indice avait affiché une croissance positive de 0,5 %, stimulée par les dépenses liées au Nouvel An lunaire. Cependant, la persistance d’une crise dans le secteur immobilier érode la confiance des acteurs économiques, impactant ainsi les dépenses des ménages et alimentant les craintes d’une déflation prolongée.
Risques de déflation accrue
La Chine avait déjà traversé une période de déflation qui a duré quatre mois à partir de la fin 2023. La déflation, en tant que baisse des prix des biens et services, est souvent le reflet d’une économie en difficulté. D’autres indicateurs confirment cette tendance, notamment un recul de 8,4 % des importations en janvier et février par rapport à l’année précédente, selon les douanes. À l’occasion des grandes réunions politiques annuelles connues sous le nom de « Deux Sessions », le gouvernement chinois s’est engagé à répondre rapidement à cette hausse de la faiblesse de la demande intérieure, en particulier celle liée à la consommation des ménages.
Objectifs de relance économique
Le gouvernement vise à faire de la demande intérieure le pilier de la croissance future. Pour ce faire, plusieurs mesures ont été mises en place, notamment des réductions des taux d’intérêt, un assouplissement des restrictions sur l’achat de logements et une augmentation du plafond d’endettement des gouvernements locaux. Le Premier ministre, Li Qiang, a également fixé un objectif de croissance ambitieux de 5 % pour l’année 2025, tout en prévoyant une augmentation du déficit budgétaire.
Les tensions commerciales exacerbent encore la situation économique. Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, de nouveaux droits de douane ont été instaurés sur les produits chinois, risquant de freiner les exportations qui ont soutenu la croissance économique l’année précédente. En janvier et février, la croissance des exportations a déjà ralenti à 2,3 % sur un an, une nette diminution par rapport au chiffre de 10,7 % observé en décembre, laissant présager une pression supplémentaire sur les opérations commerciales.
Perspectives sombres pour l’économie
Les récentes mesures de rétorsion imposées par la Chine, comprenant des droits de douane sur des produits agricoles américains comme le maïs et le poulet, entreront en vigueur sous peu. Ces décisions pourraient causer des dommages importants à l’infrastructure économique déjà fragilisée par les tensions commerciales. Selon Zhiwei Zhang, président et économiste en chef chez Pinpoint Asset Management, l’économie chinoise reste sous pression déflationniste. Il souligne que la diminution probable des exportations, en raison des tensions commerciales croissantes, nécessite une politique budgétaire plus proactive pour éviter une aggravation de la situation économique.
Face à ces défis, la demande intérieure demeure faible et pourrait freiner la reprise économique dans les mois à venir. Pour que la Chine retrouve un chemin engagé vers la croissance, il est crucial qu’elle parvienne à stimuler la consommation et à rétablir la confiance des consommateurs dans un avenir incertain.