Réforme de la Couverture Médicale au Maroc : Les Rétrogradations des Salariés du Secteur Privé
La question de la couverture médicale au Maroc est actuellement au cœur des préoccupations, notamment dans le secteur privé. Ce domaine suscite un sentiment de frustration parmi les professionnels, qui dénoncent une stagnation et une injustice manifeste. El Houssine El Yamani, membre du conseil national de la Confédération Démocratique du Travail (CDT), a partagé l’indignation des travailleurs du secteur et a évoqué les actions prévues en réponse à cette situation.
Un État Social en Panne
Les efforts du gouvernement à promouvoir un « État social » se heurtent à des réalités difficiles. El Yamani s’interroge sur l’absence d’améliorations pour les salariés du secteur privé en ce qui concerne la couverture médicale obligatoire, une problématique que les acteurs concernés estiment cruciale. Les remboursements actuels, qui ne couvrent pas plus de 30 % des dépenses de santé, sont jugés largement insuffisants, alors même que le Fonds de garantie sociale, dédié à la couverture des employés du secteur privé, affiche des réserves de près de 50 milliards de dirhams.
Les Promesses Non Tenues
En juillet 2019, la caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) avait annoncé une réforme censée améliorer la situation. Elle visait notamment à revoir le tarif national de référence (TNR) des actes médicaux, en place depuis 2005, mais peu de choses ont changé. Ce tarif est largement critiqué par les professionnels du milieu, qui se voient contraints de recourir à des pratiques douteuses pour compenser les insuffisances des remboursements.
Cette réforme incluait plusieurs mesures, telles que le remboursement total des dispositifs médicaux et prothèses, et une meilleure couverture pour divers soins et médicaments. Une mise en œuvre espérée dès le 1er janvier 2020, financée par l’excédent du fonds sans accroître les cotisations des salariés. Cependant, malgré ces promesses, aucune avancée concrète n’a été réalisée, laissant les attentes des salariés et employés dans l’expectative.
Une Situation Inquiétante
El Yamani souligne des obstacles importants qui freinent cette mise en œuvre, notamment le refus du gouvernement d’appliquer la réforme évoquée. Ce blocage s’explique en partie par des préoccupations financières avancées par le ministère des Finances, qui considère que revaloriser le TNR pourrait créer des déséquilibres budgétaires.
Alors que la couverture médicale obligatoire est censée s’étendre à tous les citoyens, la fusion entre la CNOPS et la CNSS soulève des craintes. La CNOPS a une réputation de générosité quant aux remboursements, conforme à la qualité des soins qui la distingue de la CNSS. Les bénéficiaires potentiels de cette généralisation sont-ils vraiment les citoyens, ou profite-t-elle surtout aux acteurs économiques du secteur de la santé, tel que les laboratoires et cliniques privés?
Questions Restées Sans Réponse
De nombreuses interrogations subsistent concernant la gestion de la couverture médicale, alors que le pouvoir d’achat des travailleurs est pour le moins compromis en raison de l’inflation et de la hausse constante des prix. Pourquoi continue-t-on de constater des disparités entre le secteur public et le secteur privé, alors que des engagements ont été pris par le gouvernement pour unifier ces systèmes?
Un autre point préoccupant est la capacité à harmoniser les niveaux de remboursement entre les divers régimes intégrés à la CNSS. Le fonds pour les salariés du secteur privé est bénéficiaire, à la différence de ceux des fonctionnaires et des non-salariés qui souffrent de déficits. Parallèlement, l’État continue également de financer des fonds d’assistance aux plus démunis.
Il est légitime de se demander si une approche subséquente n’inclura pas des ponctions sur cet excédent du fonds des salariés, comme cela a été fait auparavant pour financer des urgences sanitaires. Cela pourrait entraver les droits des employés privés qui ont contribué au développement économique du pays.
Une Appel à l’Action
Pour El Yamani, il est temps que les autorités offrent des réponses claires à ces questions cruciales. Il est impératif de garantir un accès égalitaire aux soins de santé pour tous les citoyens, conformément à la Constitution, et de veiller à ne pas transformer la santé publique en un domaine lucratif pour les entreprises privées. La situation demeure d’autant plus pressante que le gouvernement peine déjà à améliorer la qualité des services dans les hôpitaux publics.