Une controverse sur les subventions à l’importation de bétail au Maroc
Les 13,3 milliards de dirhams attribués aux subventions pour l’importation de bétail suscitent de vives réactions au sein de la société marocaine et parmi les experts. Alors que les prix de la viande continuent d’augmenter, la question de la gestion de ces fonds devient cruciale. En parallèle, des partis d’opposition ont pris l’initiative de constituer un comité d’enquête parlementaire pour examiner les diverses politiques gouvernementales favorisant ces importations ainsi que le secteur de l’élevage dans son ensemble.
Des montants controversés
La polémique s’est intensifiée suite à des déclarations concernant les montants liés aux subventions à l’importation de bétail. Face aux inquiétudes des observateurs, le ministère de l’Agriculture a tenté de rassurer le public en diffusant des chiffres relatifs aux ovins destinés aux célébrations de l’Aïd Al-Adha pour les années 2023 et 2024. Pourtant, ces données semblent insuffisantes pour répondre aux attentes de la population, qui souhaite des informations complètes, y compris concernant les bovins et les détails fiscaux relatifs à ces opérations.
Des voix s’élèvent pour demander plus de transparence. Le professeur de droit public à Rabat et directeur d’un journal spécialisé, Abbas El Ouardi, a clairement indiqué que des doutes persistent parmi tous les partis politiques sur l’identité des véritables bénéficiaires de ces subventions. Les subventions, qui s’élèvent à 500 dirhams par tête importée, suscitent des interrogations sur leur véritable impact sur le marché.
Un soutien censé stabiliser le marché
L’objectif initial de cette opération d’importation de bétail était de pallier un déficit de viande sur le marché national et de faire face à une flambée des prix. Le ministère de l’Agriculture a mis en œuvre ces mesures en respectant le cadre juridique établi, ce qui implique que le financement provient de fonds publics. Cependant, les disparités entre les chiffres avancés dans les communiqués et le montant total des subventions sont préoccupantes.
Abbas El Ouardi a également souligné que, bien que le ministère ait pris l’initiative de clarifier la situation, les incohérences demeurent. Les informations présentées soulèvent des doutes sur leur véracité, et il est impératif que les citoyens aient accès à des données claires sur l’utilisation des fonds publics. Pour lui, l’interdiction de l’opacité dans ce dossier est essentielle pour restaurer la confiance des citoyens envers les institutions publiques.
Un appel à la responsabilité parlementaire
El Ouardi a demandé au parlement d’exercer son rôle de contrôle en utilisant les outils constitutionnels à sa disposition pour évaluer les politiques publiques. La création de commissions d’enquête, selon lui, serait une démarche pertinente pour analyser en profondeur les circonstances entourant ces importations de bétail.
La question est devenue un enjeu majeur à l’échelle nationale. Le professeur insiste sur la nécessité de communiquer des informations précises sur ces opérations, conformément aux principes établis dans la Constitution de 2011, tels que la transparence et la reddition des comptes. Il est crucial que les institutions publiques agissent rapidement pour dissiper les ambiguïtés entourant ces montants, à la fois commentés par la majorité et l’opposition parlementaire.
Une initiative conjointe des partis politiques
En réaction à cette situation, plusieurs groupes au sein de la Chambre des représentants, dont le Mouvement Populaire, le groupe du Progrès et du Socialisme, ainsi que le groupe parlementaire de Justice et Développement, ont annoncé la création d’un comité d’enquête. Cette initiative vise à examiner en profondeur les soutiens gouvernementaux alloués à l’importation de bétail et à son secteur d’élevage.
Les objectants souhaitent non seulement éclaircir les modalités de ces décisions, mais aussi évaluer leur efficacité et la transparence des informations divulguées. Ils aspirent à rassembler tous les membres de la Chambre, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, pour établir un diagnostic rigoureux de la situation et renforcer le dispositif de contrôle des députés, conformément aux exigences constitutionnelles.
Cette recherche d’éclaircissements illustre une volonté collective d’instaurer une responsabilité partagée face aux enjeux économiques majeurs, tout en assurant que le soutien accordé à ce secteur soit orienté vers l’intérêt général et le bien-être des citoyens.